L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Un souvenir de Williamsburg

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Marchant vers un flea market ce samedi matin d’octobre, juste avant l’ouragan, tomber en arrêt devant le plus harmonieux alignement de pots de fleurs qui se puisse concevoir, insolemment insoucieux des grillages cadenassés et autres injonctions à ne pas stationner. Les dépassant même de plusieurs têtes.

Y repenser parfois depuis. Ce qu’il en en advint du bel alignement ? Si les pots et leurs coupelles avaient été rentrés à temps ? Moi de l’autre côté de l’East River j’avais reçu des instructions – débarrasser les rebords de fenêtres et les balcons –  laissées bien en évidence pour mon successeur dans l’appartement de Washington Square Village.

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Montparnasse monde fluorescent

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Certains choix des designers-aménageurs de la gare, je ne les partage pas. Ainsi du pouf orange fluo à lumière d’intensité variable (il doit y avoir un rhéostat dans le circuit si je me souviens bien de mes cours de physique de Première) sur lequel il convient de s’asseoir dans la cabine photo-maton niveau quai au droit des voies transiliennes 15 16. Cabine que, soit dit en passante, je n’aurais jamais installée ici, en coeur de flux : comment poser sereinement dans ce brouhaha ? Le bout de rideau plissé, aussi opacifiant qu’il soit, ne saurait assurer une isolation phonique et mentale suffisante (quand bien même il ne lui manquerait aucun anneau d’accroche comme trop souvent à ceux des douches). Je me demande en outre si, séant en déséquilibre forcément – pas besoin d’aller chercher le niveau à bulles pour constater que l’assise du pouf n’est pas horizontale  -  sur ce siège non réglable en hauteur rescapé des seventies, les traits des visages tendus, trop, vers l’objectif ont la moindre chance d’être conformes aux documents officiels. C’est pourtant ce qu’ils prétendent.

Et aujourd’hui la gare est aussi présente quand on Tourne-à-gauche chez Dominique Hasselmann

.

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Travail cendre et fumée

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Le billet récent d’Emmanuel Delabranche sur son très beau site à peine perdu(e) m’y fait penser : à la maison aussi nous avons un de ces cendriers que les entreprises offraient à leurs meilleurs clients et autres relations avec lesquelles il comptait sonnant et trébuchant d’entretenir amitié, à l’époque où l’on faisait encore ses affaires en fumant.

Il y a longtemps : c‘était le travail, écrit bien Emmanuel. Son cendrier vante les Ateliers et Chantiers de la Basse-Seine Lozai, le mien les Houillères du Bassin de Lorraine. C’est dire si, comme je lui avais répondu sur Twitter, ce travail là est bel et bien parti en fumées.

Je ne sais pas si le cendrier de la Basse-Seine sortait d’une faïencerie rouennaise mais celui des Houillères de Lorraine était produit on ne peut plus localement : le travail des uns donnait du travail aux autres.

(Et écrivant ce billet je me souviens du film de Jason Reitman Thank you for smoking : une toute autre mise en équation du travail et de la fumée qui ne manque pas de panache)

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Croissant de lune comme clin d’oeil à la ville

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C’est hier matin le brouillard qui cachait à la vue la moitié de la tour repère du Montparnasse monde – où ils n’ont toujours pas changé les ampoules des deux “s” du fronton de la gare – qui me ramène vers cette photo faite en octobre dernier lors de mon heureux séjour d’un mois à l’Institut Remarque, NYU, sur lequel se greffait une belle échappée ferroviaire montréalaise à bord de l’Adirondack.

Question à traiter toutes affaires cessantes

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Quand un moteur de recherche m’envoie l’internaute en quête de bouée de sauvetage, mode d’emploi, je ne tergiverse pas : je réponds illico et même en images parce que dans ces moments-là il s’agit d’être clair – tout le reste (et pourquoi on me pose une question pareille) n’est que littérature.

Donc premièrement,

Deuxièmement,

Troisièmement

Enfin, pensez au suivant , raccrochez la bouée.

Montparnasse monde rancunier

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Je le déserte pendant un mois (pour être honnête, où j’étais pendant ce temps-là, il m’est un peu sorti de la tête) et à mon retour qu’est-ce que je vois ? Le fronton qui me nargue.

Avec ses deux lettres éteintes et pas des muettes, soit une extinction extrêmement préjudiciable à la compréhension du texte.

Et deux autres, brouillées à mort, penchant chacune résolument de son côté.

Il faut dire que quand je n’étais pas là, je n’ai envoyé de lettres à personne. Visiblement la gare en a pris ombrage.

Moi qui avais un jour écrit

corps solide au fronton, jamais de lettre à terre, ni décrochée ballant dans le vide, ni même éteinte

de quoi j’ai l’air ?

(Outre une série sur ce blogMontparnasse monde est un livre paru l’année dernière aux éditions Le temps qu’il fait.)


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Pour saluer Maryse

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On aspirera très fort le parfum des tilleuls les soirs de juin

on ne perdra pas une note de mésange quand quelqu’une zinzinulera à portée d’oreilles

on caressera tous les chats roux sur nos chemins

et surtout, surtout, on  la lira et la relira, reliée ou pas.

Maryse Hache était mon invitée du premier vendredi d’octobre et je n’imaginais pas, comme nos échanges transatlantiques par e-mails pour ajuster nos textes étaient vifs et gais qu’elle puisse être si proche du fin mot de son histoire alors qu’elle ouvrait ici cette page nouvelle de son lirécrire.

Aujourd’hui je republie ci-dessous son texte et la présentation qu’elle en faisait, en hommage et avec infinie gratitude pour le don ultime de  ces lettres intimes juste entrouvertes.

depuis un moment vagabonde en moi un chantier rêvé d’écriture autour des correspondances de mon père, (échangées avec ma mère, ils venaient de se fiancer)  pendant ses presque six ans de captivité dans un camp en silésie orientale

je choisis, avec l’accord bienveillant, de martine sonnet, et à l’occasion de ce premier vase avec elle, d’ouvrir ce chantier en ses terres et sous son égide

gratitude

que l’écriture aille son chemin

.

pour l’instant ça s’appelle (emprise)

(essaierai de trouver le “e” majuscule particulier à son écriture)

terme qui fera vignette de ce chantier au semenoir

ce mot, je l’ai trouvé écrit manuscrit sur un petit bout de papier esseulé dans ses affaires

on peut lire, écriture inversée typographique, dans le coin supérieur droit, une fin de mot : “…ons” peut-être une terminaison de verbe conjugué, et “inutiles”

énigme

la force émotive et éveillante du mot manuscrit, soudain offerte à nouveau à ma lecture, marque de la main, gestuelle de l’écriture, forme des doigts, des ongles, alliance et bague, est plus forte pour moi qu’une photo

plus dynamique


.

il  ne se doute de rien

sa blondeur sa jeunesse répondent à l’appel du service militaire

pour l’instant cavalier 2° escadron 29 novembre 1939 à st germain-en-laye

il a 21 ans

ne se doute de rien

.

.

sauf

ses yeux bleus ont déjà croisé les yeux marron de geneviève

elle a 27 ans

train ligne denfert-rochereau direction seine et oise

lui monte ou descend station orsay il habite chez ses parents

il travaille chez ses parents paris 14°

elle monte ou descend à deux stations de différence, c’est lozère

elle habite chez sa tante c’est plus prudent en ces temps incertains

elle travaille à paris

horaires réguliers du train

ils y sont souvent ensemble se voient se regardent

et c’en est fait d’eux

“je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue”

.

il a fumé quelques unes de “leurs” cigarettes

“les cigarettes sont épatantes”

.

.

“… vous remercier de votre aimable attention”

“Je vous écrirai plus longuement dans quelques jours”

.

.

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Samedi après-midi à Coney Island

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Transposons : on prendrait le métro à Paris, Porte de Clignancourt, donc la ligne 4, et sortant au terminus Porte d’Orléans, il y aurait

entre la station et la plage une foire, à laquelle les mouettes tourneraient résolument le dos

et un concours idiot (chez nous on compterait les andouillettes) avec son male record et son female record, naturellement beaucoup moins spectaculaire, mais pour une fois cela nous serait bien égal,

de toutes façons, sur la plage, on les oublie vite Sonya Thomas et Joey Chestnut encore champions pour 256 jours 22 heures 47 minutes 52 secondes 7 dixièmes.

Juste qu’on leur envie Coney Island

et les étés indiens.

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Le retour de la couturière

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Pour “Les Passagers de la nuit” de Thomas Baumgartner sur France Culture, à l’automne 2009 j’avais écrit une fiction brève (quatre fois cinq minutes à deux voix) Couture à domicile. C’était à quatre moments de leurs vies les confidences échangées par une couturière et sa cliente lors de quatre séances d’essayages, sur un quart de siècle (le troisième du vingtième pour être précise).

Depuis, j’ai rebrodé sur le thème, en modifiant les dates et en provoquant l’irruption, en cours de séances, de quelques autres personnages. Il existe ainsi deux autres versions du texte initial, avec plus ou moins de monde et des amplitudes chronologiques élargies ou resserrées.

Aujourd’hui, dans la collection “Ouvrez” des éditions publie.net, paraît en numérique l’une de ces versions sous le titre Couturière. Pour la découvrir et l’acheter – 1,99 euros seulement, avec forcément le format adapté à votre degré de modernité, vous pourrez la lire sur votre ordi relié à une imprimante, sur votre tablette  ou sur votre smartphone – c’est très simple. Et chez publie.net, les auteurs à découvrir ne manquent pas…

Vous ne risquez rien à essayer : j’ai enlevé toutes les épingles.

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Frantz Schubert à Carnegie Hall

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A Carnegie Hall dimanche, mais pas dans la grande salle, au Weill Recital Hall, petite salle située au 4e étage, vouée à la musique de chambre, et de fait il s’agissait des deux trios de Schubert interprétés par le Clavier Trio (Arkady Fomin, violon, Jesus Castro-Balbi, violoncelle et David Korevaar au piano). Dehors il pleuvait. Le concert était à 2 p.m. je n’avais pas réservé à l’avance et j’ai été très heureuse d’acheter ma place sans aucune difficulté à l’ouverture des guichets à midi. Entre temps je suis allée me restaurer au Deli Premier Café angle 7th avenue 55th st. Revenue pour l’ouverture de la salle – je voulais jouir du lieu – je suis allée de surprise en surprise. D’abord la salle d’une architecture un peu inattendue perchée à un quatrième étage.

Ensuite le public, composé à 80 % de vieilles dames russophones, qui étaient là comme chez elles, entre elles ou tout comme, accompagnées de 10 % de vieux messieurs russophones, un peu plus jeunes m’a-t-il semblé et, éparpillés parmi eux, de 9,50 % de germanophones des deux sexes et d’âges mêlés. Je m’arrondis au 0,5% restant : il y a 268 places dans la salle. Ma voisine de droite, vieille dame russe (qui me demande à l’entracte si j’enjoy, comme je lui réponds, m’arrête pour me demander si je parle anglais, ce que je croyais bien être en train de faire) m’expliquera que le public de ces concerts est toujours celui-là et que, d’ailleurs, elle devra se hâter à 4 p.m. d’en rejoindre un autre à Columbus Circle. Elle espére qu’à 4 p.m. le Clavier Trio en aura fini avec Schubert. Ce qui arrivera car, troisième surprise, les deux trios sont exécutés avec grand entrain. Un Schubert électrisé par le Nouveau Monde, qui a son charme et sa virtuosité, mais surprend un peu à première oreille.

Le deuxième trio de Schubert, je ne suis sans doute pas la seule à l’avoir découvert dans une salle de cinéma, grâce au Barry Lyndon de Kubrick, film qui m’avait légèrement ennuyé : je n’étais pas encore une dix-huitiémiste convaincue. Le premier trio c’est dans une magnifique émission – que j’aimerais bien réentendre – de la série “La musique et les hommes” consacrée à Roland Barthes que je l’ai entendu pour la première fois. Barthes y tenait des propos sur la musique romantique de même pertinence que ces écrits sur la photographie. J’ai malheureusement usé la cassette enclenchée en catastrophe, prise au dépourvu, enregistrement amputé des premières minutes. Je me souviens qu’il avait aussi parlé de ce qu’écoutaient sur leur transistor les peintres qui, dans ces jours-là, repeignaient son appartement.

C’est en sortant de Carnegie Hall que j’ai croisé  la Polish Parad ou Polish Pride. Aujourd’hui, sur la même 5e avenue est passée la Columbus Day Parad, mais j’étais à mon bureau d’ici, Washington Square.

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