On aspirera très fort le parfum des tilleuls les soirs de juin
on ne perdra pas une note de mésange quand quelqu’une zinzinulera à portée d’oreilles
on caressera tous les chats roux sur nos chemins
et surtout, surtout, on la lira et la relira, reliée ou pas.
Maryse Hache était mon invitée du premier vendredi d’octobre et je n’imaginais pas, comme nos échanges transatlantiques par e-mails pour ajuster nos textes étaient vifs et gais qu’elle puisse être si proche du fin mot de son histoire alors qu’elle ouvrait ici cette page nouvelle de son lirécrire.
Aujourd’hui je republie ci-dessous son texte et la présentation qu’elle en faisait, en hommage et avec infinie gratitude pour le don ultime de ces lettres intimes juste entrouvertes.
depuis un moment vagabonde en moi un chantier rêvé d’écriture autour des correspondances de mon père, (échangées avec ma mère, ils venaient de se fiancer) pendant ses presque six ans de captivité dans un camp en silésie orientale
je choisis, avec l’accord bienveillant, de martine sonnet, et à l’occasion de ce premier vase avec elle, d’ouvrir ce chantier en ses terres et sous son égide
gratitude
que l’écriture aille son chemin
.
pour l’instant ça s’appelle (emprise)
(essaierai de trouver le “e” majuscule particulier à son écriture)
terme qui fera vignette de ce chantier au semenoir
ce mot, je l’ai trouvé écrit manuscrit sur un petit bout de papier esseulé dans ses affaires
on peut lire, écriture inversée typographique, dans le coin supérieur droit, une fin de mot : “…ons” peut-être une terminaison de verbe conjugué, et “inutiles”
énigme
la force émotive et éveillante du mot manuscrit, soudain offerte à nouveau à ma lecture, marque de la main, gestuelle de l’écriture, forme des doigts, des ongles, alliance et bague, est plus forte pour moi qu’une photo
plus dynamique
.
il ne se doute de rien
sa blondeur sa jeunesse répondent à l’appel du service militaire
pour l’instant cavalier 2° escadron 29 novembre 1939 à st germain-en-laye
il a 21 ans
ne se doute de rien
.
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sauf
ses yeux bleus ont déjà croisé les yeux marron de geneviève
elle a 27 ans
train ligne denfert-rochereau direction seine et oise
lui monte ou descend station orsay il habite chez ses parents
il travaille chez ses parents paris 14°
elle monte ou descend à deux stations de différence, c’est lozère
elle habite chez sa tante c’est plus prudent en ces temps incertains
elle travaille à paris
horaires réguliers du train
ils y sont souvent ensemble se voient se regardent
et c’en est fait d’eux
“je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue”
.
il a fumé quelques unes de “leurs” cigarettes
“les cigarettes sont épatantes”
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“… vous remercier de votre aimable attention”
“Je vous écrirai plus longuement dans quelques jours”
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