Je ne l’ai pas cherchée, je cherchais celle d’Arras, Pas-de-Calais, mais les anciens annuaires sont communiqués sur microfilms à la BnF (cote microfilm 999, communiqué en mezzanine salle X) et la bobine regroupait tous les départements compris dans l’ordre alphabétique de Maine-et-Loire à Yonne. Donc il y avait l’Orne, 61, juste avant le Pas-de-Calais, 62, et défilant à toute vitesse le film pour atteindre le Pas-de-Calais je lâche le bouton du défilement rapide trop tôt et me voilà dans des communes dont les noms me sont familiers.
Alors évidemment passer au défilement lent pour atteindre Céaucé, entre Carrouges et Cercueil (Le), et trouver la toute petite liste des abonnés au téléphone en 1935 à Céaucé (où je naîtrai 20 ans plus tard). Et la recopier : elle est si courte que pas la peine de demander si par hasard il serait possible d’en obtenir une copie et à quelles conditions.
Donc en 1935, vous pouviez appeler, en demandant à l’opératrice le
11 André (Henri), hôtelier, camionneur.
23 Bain-Thouverez, ingénieur, secteur électrique.
5 Bazile (Alexis), minotier, Ambloux.
14 Bordeau (Théodore), Hôtel Lion d’Or.
2 Boullier, hongreur.
13 Coisnon (Frédéric), Hôtel Voyageurs, gare.
12 Guesdon Ruppe, cycles, autos, électricité.
9 Guêtré, pharmacien.
3 Guibout (Raphaël), boucher.
19 Guillet, secrétaire syndicat agricole.
17 Jousse (Fernand), boucher, route de la Gare.
18 Ménage (Placide), mécanicien.
15 Morice (Victor), café Loré.
20 Pautonnier, agriculteur, château Montchauveau.
6 Piel (Paul), courtier en bestiaux.
10 Ray (Fernand), garagiste, route de Domfront.
7 Raymond, docteur en médecine.
4 Roux, docteur-médecin.
22 Taburet-Forêt, beurre et oeufs.
16 Verron (Albert), notaire.
1 Villette, grains.
Les André, Bazile, Coisnon, Guesdon, Guibout, Jousse, Ménage, Pautonnier, Piel, Ray, Dr Raymond et Dr Roux, Taburet, Maître Verron et le marchand de grains Villette, il me semble de toute enfance en avoir entendu parler le temps des vacances passées là-bas, ou même à la ville quand le camionneur André livrait les barriques du cidre production maison. Des autres, un quart de siècle plus tard, au moins chez nous, il n’était plus question (ou alors j’ai oublié).
Ce qui est sûr, c’est que je revois très bien Fernand Ray, sa salopette graisseuse et son mégot, accoté dos au mur près de la porte de son garage, Citroën, signalé par son antique pompe à essence – le garage concurrent, Renault, qui serait tenu plus tard par un Laureille (orthographe non garantie) n’avait pas le téléphone ou n’existait pas encore en 1935.