L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

La prochaine levée

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Elle est annoncée pour vendredi à 12 heures 25 minutes mais, entre nous, je n’y crois qu’à moitié.

J’hésite même un peu à confier ma lettre à cette boîte enchâssée dans la meulière du mur de l’école. Moi qui m’inquiète tellement à propos du courrier, qui arrive ou s’égare, du facteur, qui est passé ou pas encore, et si quelqu’un, par hasard, l’aurait aperçu dans le quartier ? Ou au moins son vélo, accoté contre un arbre, petit signe d’espoir. Je pose la question. Parce que des nouvelles et des réponses à mes écritures, j’en attends toujours, plus ou moins.

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Pessoa avec interphone

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J’avais déjà croisé l’homme dans la rue Soufflot, c’était le 20 octobre 2009 mais je m’en souviens comme si c’était hier. Aujourd’hui, j’ai osé m’avancer jusqu’à sa porte. Je ne vous donnerai pas l’adresse, il n’aime pas trop être dérangé, sans compter qu’il en change souvent.

J’ai sonné timidement, juste une fois. J’ai attendu un certain temps (sans doute était-il occupé à ranger ses effets dans sa malle, il venait d’arriver ou allait repartir avec toute sa suite) et finalement Personne a répondu.

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Ours et autres animaux désoeuvrés

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Les nouvelles étagères en bois destinées au rangement des livres dont l’usage se répand ne leur laissent aucune chance : elles sont si peu profondes que les livres ne s’y logent qu’à plat (donc de face ce qui est plus vendeur) et tiennent debout sans artifice. Les deux ours de la rue Delambre n’ont d’ailleurs déjà plus d’autre ouvrage qu’un malheureux vieil in-12 à caler de leurs arrières-trains. Les deux bêtes se tournent résolument le dos, ont fini d’être solidaires, chacun envisageant désormais son avenir hors paire.

La chose n’est pas sans conséquences douloureuses sur le marché de l’emploi, mais en dépit de la vague de suicides qui a décimé la petite usine de ***, personne ne prête la moindre attention au mal être ni à l’avenir incertain des ouvriers du presse-livre à l’heure du numeric turn.

On s’inquiéte à juste titre du devenir des libraires, des bibliothécaires, des éditeurs et même parfois des auteurs, mais aucun rapport officiel pour se pencher sur le sort des fabricants de presses-livres, aucune mesure d’accompagnement en leur faveur, aucune pétition de soutien. Les ouvriers du presse-livre avaient pourtant atteint un savoir-faire admirable dans l’art de coincer entre deux petites plaquettes de marbre perpendiculairement jointives, un lion superbe et généreux, un fier cheval cabré, un éléphant inébranlable,  un ours renfrogné, aux fins de les faire garants, généralement par paire et disposés en vis à vis, de la verticalité des ouvrages rangés dans nos bibliothèques de salons.

De sévères compressions de personnel frappent ces professionnels de la compression des livres auxquels le seul secteur de reconversion proposé, est celui de la plaque funéraire,  aux prises lui-même avec la montée en puissance de la crémation peu favorable à l’expansion de son marché.

(Nouvelle moutûre, illustrée et augmentée, d’un texte que j’avais confié au Convoi des glossolales n° 366 du vendredi 12 novembre 2010)

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Distance à parcourir

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Encore bien loin de se faire entendre

et qui sait même si, arrivé là, l’appareil sera en état de fonctionner.

Coeur de liasse

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Sortir la liasse pesante de son carton gris, évaluer que desserrant sa ceinture on y trouvera des feuilles volantes de divers formats, des feuilles cousues en cahiers, des registres reliés et qu’il faudra du temps pour en faire le tour ;

comprendre qu’il y a eu des repentirs,

des egos bien dimensionnés

et que finalement ce que je cherche dort au coeur de ce cahier parcheminé à rabat serré par des lanières, Livre des gages des domestiques et autres gages, où l’on faisait mémoire notamment des sommes versées au maître à danser des cinq filles mineures de dame Marie-Anne Gambetta veuve du sieur Jean-Baptiste Rex.

Remettre chaque pièce à sa place, poussières d’encre de 300 ans trop sèche collée au bout des doigts, reboucler la courroie autour du papier kraft qui maintient la liasse et reglisser cette dernière dans le carton gris. Rapporter le carton. Montrer ouvert son ordinateur en sortant de la salle et qu’aucun document volé ne s’y cache. Reprendre ses affaires au vestiaire. Quitter les archives.

Filed under du XVIIIe siècle

De la ville fantôme où l’histoire tourne en rond

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Quelques jours de cela, j’ai traversé une ville fantôme. Défense d’y naître comme d’y trépasser, jamais vous n’y trouveriez de pré/dis/posé à vous enregistrer, vous souhaiter la bienvenue ou prendre congé de vous, civilement. Et si d’aventure pareil événement, inaugural ou final (voire entre les deux, matrimonial) vous est advenu, ou à vos aïeux, dans cette ville du temps de sa splendeur, inutile de leur commander des extraits d’actes ou des fiches, individuelles ou familiales, avec ou sans mentions marginales, qui en attestent : ils ont d’abord scotché la fente de la boîte à lettres puis le dernier du bureau, en partant, l’a arrachée. S’est dit : prise de guerre.

Le commerce n’a pas survécu : plus moyen d’y trouver chaussure à son pied. Encore que dans cette boutique ils n’aient jamais eu un choix bien exaltant et que l’absence de vitrine à lécher leur ait toujours été un handicap pour développer leur affaire. Quand ils ont définitivement baissé le rideau qu’ils n’ont jamais eu, s’en étant toujours tenus aux deux battants de portes pleines qui protégeaient parfaitement la marchandise du soleil (mais aussi de toute convoitise), les successeurs désignés par l’enseigne, la compagnie des sapeurs-pompiers du district a très poliment décliné l’offre. Certes la signalétique était en place, mais leurs engins – sans parler de la grande échelle qu’ils avaient toujours un mal fou à replier après usage – ne rentraient pas.

Conséquence logique de toutes ces désertions, le correspondant local du principal organe de PQR couvrant la région a mis la clef sous la porte. Il avait hérité de l’ancien bureau du garde-champêtre, le dernier titulaire de la charge, un cul-de-jatte  ayant obtenu une dérogation  lui permettant de simplement afficher les avis à diffuser de part et d’autre de sa fenêtre. Une fois le dernier chien de la ville écrasé par la camionnette louée par l’officier d’état civil pour son déménagement, après le refus des soldats du feu d’occuper l’ancien magasin de chaussures, le localier a commencé à s’ennuyer comme un rat mort et puis finalement s’est pendu. Les pompiers arrivés trop tard n’ont pu que constater son décès qui n’a jamais été consigné sur aucun registre ni annoncé par voie de presse. Et pour cause.

Filed under utopiques

Quidam n’est pas n’importe qui

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C’est le moins qu’on puisse dire, avec tous les textes importants, jubilatoires, fantastiques, etc. etc – il y en a pour tous les bons goûts – que Pascal Arnaud nous a donnés à lire ces dernières années, domaine français et domaine européen 50/50 au catalogue.

Ces jours-ci, les éditions Quidam, indépendantes et audacieuses comme on les aime, ont besoin d’un coup de main, alors si on achète leurs livres maintenant en répondant à leur appel à souscription, on les aide à passer le cap. C’est très bien expliqué, et comment faire et le pourquoi du comment, sur le bloc-notes de Lekti-ecriture, alors allez-y voir et vous comprendrez que c’est urgent.

Quant aux livres à commander, vous avez l’embarras du choix, moi j’ai fait le mien (ceux de Philippe Annocque et de Romain Verger, je les avais déjà, mais c’est l’occasion si vous vous ne les avez pas encore découverts).

Filed under à chaud

“virgule d’une part virgule” (Pierre Bergounioux)

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C’était vraiment une belle semaine, au cours de laquelle j’ai rencontré Régine Robin, puis le même jour, mercredi 26, écouté Antonio Lobo Antunes à la librairie Compagnie et enfin, j’en rentre juste, bu les paroles, tout à l’heure au Petit Palais, de Pierre Bergounioux et Charles Juliet en un dialogue magistralement mené par Dominique Viart.

Pour reprendre dans l’ordre, avec Régine Robin nous avons beaucoup parlé – en déjeunant place de Catalogne – de villes en général, de Paris en particulier et du quartier de Montparnasse en encore plus particulier, de voyages (que je ne fais pas alors qu’elle est une parfaite globe-trotteuse) et d’historiens. Je l’ai étonnée en lui rappelant sa thèse sur les cahiers de doléances du bailliage de Semur-en-Auxois qui nous était donnée en modèle quand j’ai commencé mes études. Nous avons échangé sur notre expérience commune de curiosités extra-disciplinaires, linguistiques puis sociologiques dans son cas, alliées à une forte tentation littéraire pas forcément très bien comprises dans notre milieu professionnel…

Sortant du Millésime 62, elle m’a proposé de passer chez elle prendre un Mégapolis, les derniers pas du flâneur – échangé contre un Montparnasse monde. Grand moment : Régine Robin réside, quand elle est à Paris, dans le long immeuble donnant sur le Jardin Atlantique d’un côté, l’avenue du Commandant Mouchotte de l’autre. Celui dont la façade sert de toile de fond à mon profil twitter. Elles est mouchottienne, c’est son terme. Occasion de saisir quelques vues inédites, mais il fait très gris et je ne retouche pas la luminosité.

A 18 heures ce même jour je me suis propulsée de la rue d’Ulm à la petite salle en sous-sol de l’ancienne librairie de la place Paul Painlevé dans laquelle se tiennent les rencontres d’auteurs invités par la librairie Compagnie. Pleine à craquer et toutes les marches de l’escalier aussi. Antonio Lobo Antunes est arrivé, assez frigorifié et tout le monde voulait le débarrasser de son manteau, mais il ne s’est pas laissé faire, voulant le garder jusqu’à ce qu’il ait moins froid. Et puis il a parlé doucement, accent superbe, surtout pas de son livre nouvellement traduit, Mon nom est légion, ce qui ne facilitait pas la tâche du libraire animateur, qui aurait bien aimé tout de même qu’il en parle un peu… Mais non, c’est trop intime de parler des livres disait-il, alors il livrait plutôt : son enfance, ses grands-parents, le Brésil, l’Allemagne, sa fratrie (ses parents : quatre garçons les cinq premières années du mariage et encore deux plus tard), la guerre, l’écriture, le cancer, les honneurs. Amusée d’entendre Alain Veinstein qui le recevait vendredi soir pour ce même livre partir lui du principe que son interlocuteur ne parlerait pas du livre…

Et puis voilà qu’hier soir sur twitter Gilda* annonce que Pierre Bergounioux intervient au Petit Palais cet après-midi dans le cadre de “Littérature en vérité” ce qui bouleverse de fond en comble mon programme ménager du dimanche. En fait parlent ensemble de “l’expérience intérieure” Pierre Bergounioux et Charles Juliet, avec Dominique Viart. Ce dernier a parfaitement préparé la rencontre et aucune parole ne se perd, que ce soit à propos des rapports journaux/oeuvres, des récits de filiation, du renoncement à la fiction, de l’écriture sur les autres (Descartes ou Faulkner pour Bergounioux, Beckett ou Bram van Velde pour Juliet), de la littérature comme suture du sensible et de l’intellection. Des lectures d’extraits des deux auteurs par eux-mêmes, choisis et cochés par Dominique Viart sur ses exemplaires qu’il leur passe, émaillent les échanges. C’est un moment précieux. De temps en temps Pierre Bergounioux verbalise la ponctuation de ces phrases, façon de nous rappeler qu’il aime la grammaire… Mise en ligne annoncée – et espérée très vite pour que tout le monde en profite – sur le site de France Culture paraît-il.

Satisfaction aussi cette semaine d’un premier écho de lecture de Montparnasse monde, dans sa version couchée sur papier, sur le web : c’est Romain Verger qui le signe. Du coup j’ajoute au blog une page Montparnasse monde Actualités. Vraiment une belle semaine.

* Sur le blog de Gilda, le compte rendu illustré de l’après-midi (et je mesure que dans le mien j’ai oublié de parler de la soudure !)

Filed under la vie tout venant

Etalage au poil

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Ecouler le stock

avant l’arrivée

des maillots de bain

écouler le stock

avant qu’il soit trop tard

Montparnasse monde dans tous ses états

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Il y a eu les notes sur ce carnet

le même carnet qui, tête-bêche, avait servi à reconstruire l’atelier 62.

Il y a eu, sur le blog, des chroniques, régulières sous forme de feuilleton du samedi de septembre 2008 à juin 2009, puis irrégulières, puis ces chroniques réunies aux éditions publie.net disponibles de mars 2009 à novembre 2010. Merci à François Bon et à Xavier Cazin pour le passage par cette version numérique.

Enfin, en avril dernier j’ai rebrassé toutes les cartes et les chroniques sont devenues récit, augmentées, organisées, affranchies des photos (il en reste juste cinq, en noir et blanc, plus celle en couleur de la couverture) et le quatrième état (la quatrième dimension ?) du Montparnasse monde c’est le livre en (beau) papier publié par les éditions Le temps qu’il fait, en librairie jeudi 20 janvier.

Je n’irai pas voir dans les librairies parisiennes si mes voisins de table me conviennent : moi, pendant ce temps-là je serai en Bretagne, invitée à Hennebont, par la ville, la DRAC, l’écomusée des anciennes forges, et le EPLEFPA St-Jean-Brévelay/Hennebont. J’aurai l’occasion d’en reparler.

Filed under Montparnasse monde

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