L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

D’azur et d’acier – livre briqué de Lucien Suel

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De Fives, je connaissais le nom inscrit dans la litanie Caulier, Fives, Marbrerie, Pont de Bois stations de la ligne 1 du métro lillois dans lequel on s’engouffre arrivant en TGV  de Paris pour rejoindre au plus vite le campus universitaire de Villeneuve d’Ascq.

Noms de lieux sous lesquels on passe sans en voir les couleurs, mais grâce à Lucien Suel je sais maintenant, pour Fives, que c’est D’azur et d’acier (pour parler comme un blason), mais aussi et surtout de brique. Tellement de briques, même, qu’il faut à la mise en page et à la typographie de son livre D’azur et d’acier savoir les empiler.

Lucien Suel a séjourné trois mois d’hiver en résidence d’écrivain à Fives, commune absorbée par la communauté urbaine lilloise, mais qui garde la distinction de son passé industriel chevillée à l’âme. Pas n’importe quel passé : à Fives, longtemps a mugi une usine dans laquelle on fabriquait des locomotives, de celles qui ont fait briller les rails sur les prairies les plus lointaines et cinématographiques, jusqu’au Far West.

Fabriquer des locomotives (des ponts et des ascenseurs aussi), ça vous classe et vous occupe une ville, surtout quand on en fabrique pendant 150 ans. Aussi, quand la production s’arrête, il vous reste

un coeur qui ne bat plus, un coeur en capilotade et un cerveau dispersé avec tous ceux qui ont travaillé ici, dont le vaste savoir-faire n’a été enseigné ou transmis à quiconque

(parmi eux, un certain Degeyter, le musicien de L’Internationale) et l’usine FCB, pour Fives-Cail-Babcock, – un concentré de puissance et d’intelligence – emprise muette et stérile contenue derrière son mur d’enceinte : 5 mètres de hauteur, en briques.  En faire quoi ?

Alchimie heureuse du quotidien de l’écrivain résident (jusqu’au bifteck dans le frigo), d’une enquête sur le passé de l’usine et de la commune, de la rencontre de son présent, en causant avec celles et ceux qui l’entourent, en lisant le Canard de Fives, en marchant, en furetant, en se frottant par tous les pores à la ville, et de la “réduction” poétique des briques  omniprésentes, le livre procure un singulier bonheur de lecture.

Et ce n’est pas tout : les éditions La contre allée proposent sur leur site un complément audio  à télécharger livre en main. Une petite merveille d’intelligence et de poésie croisant la voix de Lucien Suel et l’accordéon diatonique de Laure Chailloux. En complémentarité parfaite avec un livre bel objet.

Je crois bien que la prochaine fois que je roulerai en métro vers Villeneuve-d’Ascq, à Fives, je remonterai à l’air libre mettre mes pas dans ceux de Lucien Suel à la rencontre des orphelins des locomotives, privés encore du souffle de l’usine qui les portait au monde.

De Lucien Suel j’avais déjà beaucoup aimé Mort d’un jardinier et La patience de Mauricette, avec leurs couvertures à objets (brouette, panier) à la Table ronde. A suivre encore, sa présence blog et texte numérique, aussi avec Josiane Suel, chez publie.net.

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Obsolescence de la vitrine

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Faut-il vraiment vêtir celles qui sont nues

pour les attifer de la sorte ?

Grand temps d’en finir avec les corsages tirés à quatre épingles.

Autres aperçus (et actualité ?) de Louis Sébastien Mercier

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Pour servir de suite au billet précédent, d’autres extraits du Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier (paru dans les années 1780), toujours à propos des livres et de leurs lieux dans la ville, des lecteurs ou des gens de lettres.

Chapitre CCXVIII Lectures (vol. 1, p. 544-547 de l’édition dirigée par Jean-Claude Bonnet au Mercure de France en 1994)

Il s’est introduit un nouveau genre de spectacles. C’est un auteur qui ne lit pas à ses amis pour en recevoir des conseils et des avis, mais qui indique tel jour, telle heure (et il ne manque plus que l’affiche) ; qui entre dans un salon meublé, se place entre deux flambeaux, demande un sucrier ou du sirop, calomnie sa poitrine, tire son manuscrit de sa poche, et lit avec emphase sa production nouvelle, quelquefois somnifère. (…)

Dans ces sortes de lectures, tout prête au ridicule. Le poète arrive avec une tragédie rimée et fastidieuse, ou avec un gros poème épique, dans une assemblée peuplée de jeunes et jolies femmes disposées à folâtrer et à rire, qui ont à côté d’elles leurs amants : elles s’occupent plus de ce qui les environne, que de l’auteur et de sa pièce. (…) Qu’une femme rie par hasard, une autre éclatera, et tout le cercle fera de vains efforts pour contraindre sa belle humeur. Que deviendra le pauvre auteur avec son rouleau de papier ? S’il montre du courroux, il paraîtra plus ridicule encore ; qu’on ne l’écoute point ou qu’on l’entende mal, il est obligé de continuer.

Chapitre CCCLXXVII (vol.1 p. 1046-1047) Loueurs de livres

Usés, sales déchirés, ces livres en cet état attestent qu’ils sont les meilleurs de tous ; et le critique hautain qui s’épuise en réflexions superflues, devrait aller chez le loueur de livres, et là voir les brochures que l’on demande, que l’on emporte, et auxquelles on revient de préférence. (…)

Les ouvrages qui peignent les mœurs, qui sont simples, naïfs ou touchants, qui n’ont ni apprêt, ni morgue, ni jargon académique, voilà ceux que l’on vient chercher de tous les quartiers de la ville, et de tous les étages des maisons.(…)

Grands auteurs ! allez examiner furtivement si vos ouvrages ont été bien salis par les mains avides de la multitude ; si vous ne vous trouvez pas sur les ais de la boutique du loueur de livres ; ou si vous y trouvant vous êtes encore bien propres, bien reliés, bien intacts, faits pour figurer dans une bibliothèque vierge, dites-vous à vous-même : J’ai trop de génie, ou je n’en ai pas assez.

Il y a des ouvrages qui excitent une telle fermentation, que le bouquiniste, est obligé de couper le volume en trois parts, afin de pouvoir fournir à l’empressement des nombreux lecteurs ; alors vous payez non par jour, mais par heure. A qui appartiennent de tels succès ? Ce n’est guère aux gens tenant le fauteuil académique.

Chapitre CMXCV Revendeurs de livres (vol.2, p. 1425-1428)

On lit certainement dix fois plus à Paris qu’on ne lisait il y a cent ans ; si l’on considère cette multitude de petits libraires semés dans tous les lieux, qui retranchés dans des échoppes au coin des rues, et quelquefois en plein vent, revendent des livres vieux ou quelques brochures nouvelles qui se succèdent sans interruption. (…)

Les boutiques où se vendent les nouveautés littéraires attirent de préférence les auteurs et les curieux amateurs de littérature ; on en voit des groupes qui restent comme aimantés autour du comptoir ; ils incommodent le marchand, qui, pour les faire tenir debout, a ôté tous les sièges ; mais ils n’en restent pas moins des heures entières appuyés sur des livres, occupés à parcourir des brochures et à prononcer d’avance sur leur mérite et leur destinée, après en avoir lu seulement quelques lignes.(…)

Avertissement : avant de laisser lire ces dernières glanes, relatives à la Bibliothèque royale, aïeule de notre BnF, je prends grand soin de préciser que les dire de Louis-Sébastien Mercier ne sont absolument plus d’actualité au XXIe siècle, comme ils ne l’étaient déjà plus au XXe, et surtout pas à propos des bibliothécaires (clin d’oeil amical à celles et ceux qui passent par là) : encore une bibliothèque que je fréquente en effet depuis belle lurette. Et comment ne pas avoir ici une pensée pour le beau film d’Alain Resnais Toute la mémoire du monde (1956).

Chapitre CXCIV Bibliothèque du roi (vol 1, p. 479-482)

Ce monument du génie et de la sottise prouve que le nombre des livres ne fait pas les richesses de l’esprit humain. C’est dans une centaine de volumes environ, que résident son opulence et sa véritable gloire. Parcourez cet édifice : dans les allées de cette bibliothèque immense, vous trouverez deux cents pieds en longueur sur vingt de hauteur, de théologie mystique ; cent cinquante de la plus fine scolastique ; quarante toises de droit civil ; une longue muraille d’histoires volumineuses, rangées comme des pierres de taille, et non moins pesantes ; environ quatre mille poètes épiques, dramatiques, lyriques etc., sans compter six mille romanciers et presque autant de voyageurs. L’esprit se trouve obscurci dans cette multitude de livres insignifiants, qui tiennent tant de place, et qui ne servent qu’à troubler la mémoire du bibliothécaire, qui ne peut pas venir à bout de les arranger. (…)

Ce vaste dépôt n’est ouvert que deux fois la semaine et pendant deux heures et demie. Le bibliothécaire prend des vacances à tout propos. Le public y est mal servi et d’un air dédaigneux. La magnificence royale devient inutile devant les règlements des subalternes, paresseux à l’excès. Ne devrait-on pas pouvoir puiser chaque jour dans ces gros volumes faits pour être consultés plutôt que pour être lus ? Il faut attendre des mois entiers qu’il plaise aux commis d’ouvrir la porte. les livres les ennuient, et ils ne vous les donnent qu’en rechignant.

A la bibliothèque de l’Arsenal

NB : ces deux billets d’extraits de Mercier m’amènent à créer une nouvelle catégorie du XVIIIe siècle, billets archivés revisitables.

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Aperçu et actualité de Louis Sébastien Mercier

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Picorant hier matin, à la bibliothèque de l’Arsenal où il fait si bon travailler, dans les 4000 pages du Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier, parues en douze volumes entre 1781 et 1789, je n’en crois pas mes yeux quand je lis au chapitre CXLIV consacré aux Bouquinistes (dans la réédition sous la direction de Jean-Claude Bonnet au Mercure de France en 1994, vol. 1, p. 348-351) :

On ne lit presque point à Paris un ouvrage qui a plus de deux volumes. (…) Nos bons aïeux lisaient des romans en seize tomes, et ils n’étaient pas encore trop longs pour leurs soirées. il suivaient avec transport les mœurs, les vertus, les combats de l’antique chevalerie. Pour nous, bientôt nous ne lirons plus que sur des écrans. (…) Il faut être court et précis, si l’on veut être lu aujourd’hui.

La déploration des impatiences de lecture, déjà, sonne familièrement à nos oreilles, et qu’il faut faire court pour augmenter ses chances d’être lu, au XXIe siècle tout le monde vous le dira mais, franchement, je m’y suis reprise à deux fois pour m’assurer avoir bien lu que pour nous bientôt nous ne lirons plus que sur des écrans.

Parce que je me suis crue tout à coup ramenée au pas de charge  des années 1780 à nos discussions de tous les jours, sur le Net, au bureau et au café à propos de nos usages de lecteurs/écriveurs et de leurs évolutions ou sur nos addictions aux écrans de tous les formats. Sans parler des tables rondes dont on voit passer les annonces, (quand on ne  vous invite pas à y mettre votre grain de sel) sur ce que le numérique change à la littérature, à la lecture, à l’écriture, à la chaîne du livre, aux métiers du livre, au droit d’auteur, j’en passe et des meilleures.

Je savais Mercier, fureteur hors pair de sa ville et des travers de ses contemporaines et contemporains, également visionnaire : il a écrit un roman d’anticipation, L’an 2440 – dont il faudrait voir de plus près le chapitre sur la Bibliothèque du roi – mais au point d’avoir eu la prescience de nos bibliothèques et cabinets de lecture numériques !

L’illusion n’a duré que le temps d’atteindre la note de bas de page rejetée en fin de volume : les écrans en question ignorent les pixels et les cristaux liquides, il s’agit d’écrans pare-feu « qu’on orne de diverses histoires ou images » précise le Dictionnaire de Trévoux, appuyant sa définition d’exemples : « C’est un ignorant, qui n’a jamais appris le blason que dans les écrans ; un mauvais poète, qui ne fait des vers que pour les écrans. »

Une chose toujours vraie c’est que la lecture occupe nos soirées : sur twitter suivre #lecturedusoir pour en composer quotidiennement une bibliothèque éphémère et constater que parfois c’est bien sur écran que la rencontre avec la littérature de nos jours se produit. Mercier, au coin de sa cheminée, devant son pare-feu (qu’on ne confondra pas avec nos firewalls) voyait assez juste.

(Les salles de travail de la bibliothèque de l’Arsenal, de celles que je fréquente de longue date)

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Maison aux orties

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Ceux de la maison aux orties ont renoncé à sortir et même à faire de la soupe. Un temps, ils avaient maîtrisé la situation avec leurs potages, leurs tourtes, leurs terrines, leurs tartes, leurs cakes aux orties. Ils en fumaient, aussi, autant qu’ils pouvaient. Mais leurs invités – parce qu’à eux seuls il n’y arrivaient pas – s’en sont lassés des dîners tout à l’ortie, depuis les amuse-gueules avec l’apéro jusqu’au dessert ; sans parler de l’infusion digestive qu’il aurait été malséant de refuser avant de se séparer. Leurs plus proches voisins les premiers en ont soupé, sont partis, et la maison n’a jamais été relouée. Propriété en deshérence qui s’effrite. Reste le mur troué, vue sur orties et la gouttière pliée. Dans la maison aux orties, ils l’ont mal pris et ont définitivement fermé leurs volets. Pas voir ça, l’abandon. Ce qu’ils bouinent maintenant de l’autre côté, comment ils s’en sortent, pas idée. Ni même s’ils sont encore en vie.

Filed under utopiques

Mercredi, septembre, cinquième arrondissement

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Les enfants du cinquième arrondissement le mercredi, dès neuf heures le matin, sur les trottoirs des rues calmes du cinquième arrondissement, cheminent. Enfants uniques ou petites grappes de deux, trois, ou quatre, escortés d’une jeune fille ou d’une grand-mère avec laquelle ils conversent d’égal à égal. Enfants porteurs de raquettes ou violons sous étuis, bombes sur la tête, bottes aux pieds, justaucorps et chaussons dans sac de danse, feuilles de papier canson dans cartons au format demi-raisin, en marche vers leurs leçons de tennis, de musique, d’équitation, de danse, ou de dessin. Et, qui sait, moins ostensiblement, de catéchisme ? Les emplois du temps des enfants du cinquième arrondissement bannissent l’oisiveté. Début d’année scolaire : inscriptions toutes fraîches – à grand renfort d’attestations d’assurances, justificatifs de domicile, certificats médicaux de non-contr’indication – et efffectifs au complet. Viendra la mauvaise saison, avec elle la fatigue, les frimas et les épidémies ; les trottoirs des rues calmes du cinquième arrondissement, le mercredi, seront moins courus. Mais subsiteront ici et là, à demeure sans domiciles, les hommes couchés des encoignures, leurs duvets et leurs ballots.

Au creux de l’angle Feuillantines/Pierre Nicole, le chat noir

Post scriptum j’ai créé la catégorie “variétés parisiennes” pour ce genre de billets : archives revisitables.

Plus que dix feuilles (pas un mot)

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Questions de quoi remplir un caddy

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L’employée aux écritures n’est pas un catalogue de vente par correspondance, aussi je fais suivre à La Redoute à Roubaix – puisqu’à la Manufacture d’armes et de cycles de Saint-Etienne, c’est trop tard – la liste des commissions (que je ne me prive pas de commenter au passage) des internautes venus ici dans l’espoir déçu d’y trouver

des chaussures de pluie irlandaises : bien préciser la pointure lors de la commande et penser qu’un chapeau de pluie peut aussi être utile pour la ballade irlandaise (que je n’ai pas faite)

une robe de marquise : j’ai bien prêté ma voix à une marquise mais je ne rentrais pas dans sa robe et dans ma garde-robe photographique je n’ai que cette jupe de duchesse, sur strapontin de wagon de métro à défaut de tabouret

du carrelage de cuisine multicolore et du carrelage pelouse avec des marguerites : ici, on trouve plus aisément son bonheur en papier peint

un cd rom obsolète : vous aurez l’embarras du choix, le cd rom est intrinsèquement obsolète sauf pour faire peur aux oiseaux (croit-on) accroché aux branches des arbres fruitiers

un canevas Mickey : un beau paysage vous occuperait plus longtemps

un piquet clôture béton : personnellement, dans le paysage, j’aime beaucoup mieux ceux en traverses de chemin de fer

une chaussure noire à petits pois blanc : ne mégotez pas, prenez la paire (en tout cas, les miennes sont unies)

trois robes : si vous n’êtes difficile que sur leur nombre, vous devriez trouver assez facilement : mais au cas où,  j’en ai trois en magasin, certes un peu passées de mode

une maison algeco : difficile à faire rentrer dans un catalogue, ou alors il faudrait revenir à ces livres cartonnés dont tourner une page faisait surgir en le dépliant un décor en relief ; volume plus simple à contraindre pour un algeco que pour le château de la belle au bois dormant.

PS : il n’échappera à personne que j’ai la main lourde sur les liens internes à L’employée aux écritures : c’est tout simplement parce que plus la liste de ses archives s’allonge, plus l’inéluctable enfouissement des textes dans la si bien nommée fosse à bitume du blog me désole.

Scènes d’une boulangerie parisienne

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Les scènes se passent dans une boulangerie de la rive gauche, sur un boulevard de mon itinérance quotidienne Cette boulangerie n’a jamais été sympathique mais propose de bons financiers à la pistache et j’aime bien, d’une part, les financiers, d’autre part, tout ce qui est à la pistache.

Acte I, à la veille des dernières petites vacances de printemps de la zone C : comme je me trouve dans la boutique, les deux jeunes vendeuses parlent entre elles à mots couverts mais je comprends que leurs patrons les soupçonnent de distraire de la monnaie de la caisse.

Acte II, à la rentrée de ces même congés, jour de réouverture de la boulangerie : queue jusque sur le trottoir mais je prends mon tour et quand il arrive je comprends pourquoi l’attente et les étranges bruits de jackpot : une machine infernale dans laquelle il faut introduire ses pièces et qui rend automatiquement la monnaie trône sur la caisse ; personne n’y comprend rien et les vendeuses en réexpliquent le fonctionnement à chaque client.

Acte III : après avoir un certain temps évité la boutique, le jour où ma gourmandise l’emporte je paie mon financier à la pistache avec le plus gros billet à ma portée (20 euros) par esprit de rébellion contre une technologie prétendument hygiéniste à l’égard des clients mais surtout suspicieuse envers le personnel ; je constate qu’une affichette explicative a été collée sur l’appareil antipathique, spécifiant d’introduire les pièces LENTEMENT et UNE PAR UNE dans la fente (comme les billets de train dans les composteurs).

Acte IV, hier matin : je me demande si la machine a passé l’été, déroge à mon boycott et règle mon achat avec un billet de 5 euros – les temps sont durs ; mais grande est ma jubilation à la lecture de la nouvelle affichette apparue sur l’engin démoniaque, ajoutant aux recommandations antérieures la demande expresse d’attendre calmement le retour des pièces dues et de NE PAS TAPER SUR LA CAISSE.

Trop prise au dépourvu pour pouvoir photographier discrètement ; une autre fois peut-être. Et puisque j’y pense, à propos des boulangers parisiens, j’en profite pour suggérer de lire le beau livre que l’historien américain Steven L. Kaplan, a consacré à ceux du XVIIIe siècle, Le meilleur pain du monde : les boulangers de Paris au XVIIIe siècle.


D’autres villes, en “ange” ou pas

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Après celles d’Uckange et de Rombas, juste encore quelques images que je ne me résous pas à archiver sans partage

De Thionville, cette façade sur laquelle on cogne une fois la gare, aux convois interminables de lourds containers débarqués des ports de la vieille Hanse, laissée derrière soi et la rivière, aux péniches taillées à la même aune, franchie par un large pont. Premier immeuble en vue, seul de son espèce, sans même approximatives copies dans la ville.

D’Hayange, me crève les yeux ces jours derniers que les rails qui traversent ma gare de banlieue proviennent. HAYANGE, écrit dessus à intervalles réguliers, il me faudrait un zoom pour montrer. Je m’amuse du fait que je n’ai jamais lu cette inscription avant d’être allée là-bas.

D’Hagondange, dimanche, heure du déjeuner, l’immensité incongrue du parking devant la mairie et les voix des déjeuners familiaux échappées par les fenêtres ouvertes des maisons qui bordent la place. Il fait lourd, le temps est à l’orage, le verbe haut. Souvenir revenu de l’affiche de cette pièce de Jean-Paul Wenzel, que je voudrais tellement voir jouer ou au moins lire maintenant, Loin d’Hagondange, au mur d’un appartement ami dans les années 1970.

De Villerupt, le regret d’y passer hors saison du festival de cinéma italien dont l’hôtel de ville pavoise déjà la prochaine édition à l’automne. Et l’animation, voitures klaxonnantes aux passagers sur leur 31, causée par les deux mariages qui se succèdent en ce samedi après-midi, à la mairie puis à l’église, remplissant ici, un temps, les parkings.

D’Audun-le-Tiche, la compréhension immédiate.

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