L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Persistance de l’affichette (avril 1997 – juin 2021)

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Ce dernier dimanche, allant visiter à Versailles, dans l’ancien hôpital royal, l’exposition des photographies de Willy Ronis faites en RDA, passant par la rue Montbauron pour rejoindre depuis la gare de Versailles-Chantier ce très beau lieu, l’affichette demeurée en place sur la grille de ce qui avait été l’annexe du département des périodiques de la Bibliothèque nationale jusqu’à sa fermeture le samedi 5 avril 1997 (*) m’a sauté aux yeux. Nul ne s’est donc soucié de l’en ôter, depuis le temps, et l’encre ne s’en est pas même estompée.

J’ai fréquenté, quand j’étais bibliographe (de 1981 à 1989 et de 1995 à 2003), la salle de lecture de cet élégant bâtiment des années 1930 pour y dépouiller de minces bulletins confidentiels d’associations et autres petits  journaux locaux rarement consultés et à ce titre semblant pouvoir être conservés à l’écart de la presse digne de la salle ovale du 58 rue de Richelieu. Je gardais sous le coude, au fil de l’année, les cotes qui commençaient par “Jo” que j’avais à voir là-bas et en une semaine de décembre ou de janvier, j’en avais fait le tour. Ce qu’il me reste de ces séances de travail hivernales à l’annexe de Versailles, c’est la dextérité remarquable de Mme D., magasinière régnant sur la salle depuis sa table à droite de l’entrée, à déficeler les petites liasses de brochures, après s’être jouée déjà des rabats retords des enveloppes de papier kraft qui les enserraient. Et même chose pour le reficelage/réempaquetage, après rapide contrôle que le compte y était bien quand, en ayant fini avec les feuilles de choux, on les lui restituait. Un professionnalisme intransigeant couplé, une fois la confiance gagnée, à une extrême serviabilité valant à Mme D. d’apparaître à la page “remerciements” d’ouvrages à l’érudition insatiable.

Ce qui m’avait fait gagner au-delà de la confiance, la complicité de Mme D., c’est qu’à la ville, nous étions voisines. Dans ces temps où les bulletins de demande de la bibliothèque se remplissaient au stylo en appuyant fort pour atteindre le troisième feuillet, il y avait lieu d’y inscrire son adresse. Mme D. avait ainsi repéré que seule la largeur des voies du chemin de fer de Paris-Montparnasse (**) à Versailles nous séparait ; nous résidions juste de part et d’autre d’un ancien passage à niveau séparant deux villes banlieusardes limitrophes. Du jour où elle m’avait fait part de cette proximité, mes doutes chaque dimanche matin quant à la présence d’un sosie de Mme D. derrière un étal de légumes de mon marché s’étaient dissipés. Ces jours-là, m’avait expliqué celle dont la vie n’avait pas toujours été rose, loin de là, elle donnait un coup de main à sa belle-soeur maraîchère.

Mme D. est partie en retraite lorsque les collections de l’annexe de Versailles ont rejoint la tour T2 de Tolbiac. Des années plus tard j’ai déménagé et nous nous sommes perdues de vue ; entre-temps, il était arrivé que Mme D. passe nourrir notre chat lors de nos absences estivales.

(*) Merci à Nadine Ferey pour la confirmation de cette date et pour cette référence et celle-ci.

(**) Mme D. fait une apparition discrète dans les pages du Montparnasse monde (saurez-vous la reconnaître ?).

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Poétique de la voirie (55)

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A leur terrasse pourtant dédiée

les gens qui ne peuvent pas se voir

ne se bousculent pas

(allez comprendre)

O ! Soupiraux (nouvelle livraison)

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Marcher dans la ville sans toujours chercher à voir plus loin ou plus haut : savoir aussi baisser les yeux.  Et  continuer ainsi à emmagasiner les images de ces jours artistiquement ouverts sur les caves, au bas des murs de façades des immeubles parisiens. J’ai découvert récemment cinq nouveaux motifs que je pose ici pour servir de suite à mes précédentes livraison de soupiraux ouvragés (*).

Il y en a pour tous les goûts

du fantasque

du maniéré

du m’as-tu-vu

de l’elliptique

et du sûr de lui.

(*) Précédentes livraisons : la troisième, la deuxième, la première.

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

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Reprenons ou plutôt recueillons les jonquilles là où nous les avions laissées, fin 2015, au terme de la lecture du Carnet de notes 2011-2015 : sur le talus. La parution récente du Carnet de notes 2016-2020 permet en effet de prolonger les observations botanicoclimatiques sur l’éclosion des jonquilles en terrain pentu de la vallée de l’Yvette, juste en dessous du bois d’Aigrefoin.

Donc, si vous avez manqué le début (comme disait le Télé 7 jours familial de mes jeunes années téléspectatrices), les jonquilles 2016 prenant une longueur d’avance, avaient pointé leur nez dès le 6 décembre 2015 et c’était Gabriel, de passage à Gif, qui s’en était avisé. J’avais souligné cette précocité dans mon précédent bilan d’étape par lequel il convient de passer pour remonter l’éphéméride jusqu’en 1991.

En 2017, les choses rentrent (provisoirement) dans l’ordre, c’est le 4 février que La première jonquille est à demi éclose ; quatre jours plus tard, donc le 8, Cinq jonquilles ont fleuri. Le 20 novembre, Pierre Bergounioux consignant quelques arguments en vue de sa participation prochaine à une émission de Radio France dans laquelle il sera question de variations climatiques, entre clémence des hivers et fruits tardifs, en administre la preuve définitive par la floraison de plus en plus précoce des jonquilles.

Jonquilles bonne filles qui ne le démentent pas puisque un mois plus tard, le 23 décembre 2017, la floraison 2018 s’amorce, et cette fois c’est Cathy qui a l’oeil : Cathy, retour des courses, m’annonce que la première jonquille vient d’éclore à la place habituelle – sous-entendu sur le talus. Le 4 janvier 2018 le bouquet annuel s’étoffe ce ne sont pas moins de six jonquilles qui ont fleuri.

Le 14 janvier 2019 la première jonquille déplisse sa corolle à la place habituelle, sur le talus, si ce n’est à son heure, du moins à son année. Trois jours plus tard, le 17, La jonquille du talus s’est épanouie. Le 3 février Deux nouvelles jonquilles déplissent leur corolle, et le 7 février six jonquilles sont fleuries.  Mais le 5 avril les jonquilles ont passé.

Pour mieux revenir. Dès le 22 décembre de cette même année 2019, la cohorte 2020 pressée d’en découdre, trompe la vigilance de l’observateur : Trois pousses de jonquille sont sorties de terre, hier ou dans la nuit, à l’emplacement habituel. Le 4 janvier 2020 Les deux premières jonquilles viennent d’éclore sur le talus. Le 10 Ce sont cinq jonquilles qui sont en fleur, sur le talus. Le 1er février De nouvelles jonquilles fleurissent, et le  29 février, profitant des largesses de l’année bissextile Toutes les jonquilles sont fleuries.  Mais, pauvres d’elles, dès  le 30 mars Les jonquilles sont fanées. Cathy les a étêtées. Leur épargnant le premier confinement.

Qu’à cela ne tienne, deuxième vague épidémique plus ou moins mal maîtrisée, les fleurs 2021 sont prêtes à affronter la troisième. Le 18 décembre Les premières jonquilles sont sorties de terre, à la place habituelle, sur le talus. Avant que, le dernier jour de l’année, Pierre Bergounioux ne referme son Carnet de notes 2016-2020 sur cette ultime mention : La première jonquille a fleuri. Un signe d’espoir – le même jour On perçoit le très léger grain de lumière – par temps lugubres.

PS. Si vous découvrez le blog et souhaitez continuer votre lecture par quelques autres articles dans lesquels il est question de Pierre Bergounioux, passez donc par ici :

Un printemps bergounien malgré tout

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du “Carnet de notes 2011-2015″ de Pierre Bergounioux

Jonquilles primeures à Gif-sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

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Poétique de la voirie (54)

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Abandonné

Bazardé

Cabossé

Dictionnaire

Encyclopédique

Français

Gratoche

Huit volumes

Illustré

Jamais

KO

Larousse

Mille huit cent quatre vingt dix sept – Mille neuf cent quatre

Nomade

Offrande

Parisienne

Qui en veut ?

Rendez-vous

Saint-Michel

Tentation

Utile (encore)

Vénéré (autrefois)

WXYZ (ça finit toujours comme ça)

Poétique de la voirie (53)

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Rubriquard des fleurs écrasées

lendemain de Saint-Valentin : une vie de chien

Vie (longue) et mort (récente) d’un commerce d’autographes

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Il y avait rue Bonaparte (Paris VIe arrondissement), dos tourné à la Seine trottoir de gauche,  cette boutique proposant, à qui en avait une curiosité soutenue par des moyens financiers rendant leur acquisition possible, des lettres autographes et des “souvenirs historiques et littéraires” aux côtés de livres rares. Toujours vue là depuis que je gagnais régulièrement la rive droite depuis Montparnasse au moyen d’un bus 39, 48 ou 95 qui me ramènerait à Montparnasse par la rue des Saints-Pères, sens interdits obligent, où d’autres devantures accrocheraient mon regard – Debauve et Gallais chocolatier des rois de France. Soit grosso modo depuis le milieu des années 1970. Piétonne rue Bonaparte, je m’arrêtais toujours lire ces lettres dont la vitrine juxtaposait, à l’intention du passant peu formé à la paléographie, la transcription dactylographique au fac-simile de l’autographe. Les originaux, j’imagine, bien à l’abri du soleil dans la boutique entre deux feuilles de papier de soie et maniés avec des gants, offerts à la seule contemplation des clients sérieux (qui ne s’intéressaient pas forcément au texte de la lettre).

Mais ce commerce est bel et bien fini, passant par là hier après-midi (promenade dominicale : aller voir à quelle hauteur exactement en arrivait le fleuve) j’ai constaté que les documents rares soigneusement décryptés et étiquetés avaient laissé place à des bibelots et figurines qui n’avaient pas même l’excuse d’être des soldats de plomb.

Le 11 avril 2016 à 18:54, en avance pour une manifestation programmée à 19 heures au Centre culturel tchèque qui fait face à la boutique,  j’avais saisi-là l’image d’une pièce véritablement unique en son auteur.

RIP Madame Flubert et le commerce des autographes rue Bonaparte.

Ajout du samedi 13 février 2021 : ne manquez pas d’aller lire le billet du blog ami Pendant le week-end qui donne à voir la vitrine au fil des années et de plus près ce que l’on trouve aujourd’hui dans la boutique. Merci à lui pour ce complément bien illustré.

Poétique de la voirie (52)

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Las de tourner

lion en cage

a définitivement tourné la page

Poétique de la voirie (51)

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Remonté des grands fonds

fourbu

lassé pressé

déchaussé sur la chaussée

Un kilomètre de rayon

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Alors je marcherai droit pour tourner en rond*, cherchant mon nord par la rue Saint-Jacques, poursuivant, dans le sens des aiguilles d’une montre, par les rues Cujas prolongée en Clovis, Descartes, Lacépède, Gracieuse, je contournerai la place Monge, traverserai la rue du même nom, pour prendre la rue Larrey, puis enfiler les rues de la Clef, du Fer à Moulin, Scipion, Vesale, de la Collégiale, avant de traverser le boulevard Saint-Marcel, et de continuer par les rues Michel Peter et de la Reine Blanche ; je traverserai l’avenue des Gobelins pour trouver la rue du même nom, et poursuivrai par les rue Gustave Geffroy, Berbier du Mets et Emile Deslandres ; si j’en suis là aux horaires d’ouverture du jardin ce qui est très probable (8h-19h30 du 25 octobre 2020 au 28 février 2021), je quitterai la rue Emile Deslandres pour traverser le square René Le Gall jusqu’à l’angle des rues Croulebarbe et Corvisart, si par malchance le jardin est fermé pour cause d’intempéries par exemple, je  le contournerai en demeurant rue Emile Deslandres jusqu’à la rue des Cordelières, pour atteindre la rue Vulpian que j’aurai rejointe, si le jardin était ouvert, par la rue Corvisart ; je suivrai la rue Vulpian juqu’à buter sur le boulevard Auguste Blanqui et les voies du métropolitain, ligne 6, Nation-Etoile, entre ses stations Glacière et Corvisart, je marcherai le long du boulevard et des voies jusqu’à la rue de la Santé, avant de continuer par les rues Cabanis, Broussais et Dareau ainsi que par le passage du même nom, puis la rue de la Tombe-Issoire.

Arrivée là j’aurai tracé un demi cercle et deux options se présenteront à moi : faire demi-tour et, dans le contresens des aiguilles d’une montre, revenir sur mes pas jusqu’à la rue Saint-Jacques, ou parfaire mon cercle en rejoignant le boulevard Saint-Jacques par la villa du même nom, les rues Jean Minjoz et Jean-Claude Arnould, avant de traverser la place Denfert-Rochereau en me gardant des voitures et de leurs substituts qui surgissent de partout et de nulle part, pour rejoindre la rue Froidevaux ; si jamais le cimetière du Montparnasse est ouvert je le traverserai pour en ressortir boulevard Edgar Quinet, s’il est fermé, ce que je crains, je le longerai par la rue Emile Bernard pour retrouver le boulevard Edgar Quinet.

Je marcherai là sur mes vieilles brisées, au Montparnasse monde.

Je rejoindrai la rue Delambre par le square du même nom (qui est un bout de rue et pas un jardin contrairement au square René Le Gall qui est un jardin et pas un bout de rue), jusqu’au boulevard du Montparnasse que je quitterai – et le Montparnasse monde avec lui - par le boulevard Raspail et la rue Vavin suivie jusqu’à la rue d’Assas ; encore qu’un crochet soit possible, si j’ai le courage, par la rue Sainte-Beuve pour adhérer sans en perdre une seule miette à la circonférence définie par mon kilomètre de rayon ; butant au bout de la rue Vavin sur les grilles du jardin du Luxembourg, reste à espérer que celui-ci soit encore ouvert (8h-17h du premier au 15 novembre) pour que je puisse le traverser et en ressortir sur le boulevard Saint-Michel ; si le jardin est fermé je le contournerai en continuant sur la rue d’Assas jusqu’à croiser la rue Auguste Comte qui me ramènera boulevard Saint-Michel ; un boulevard que je quitterai par la rue Soufflot, jusqu’à la rue Victor Cousin qui me permettra de rejoindre la rue Cujas ;  quand celle-ci coupera la rue Saint-Jacques, j’aurai bouclé ma boucle.

Mais pas sûre qu’une heure me suffise pour rallier mon point de départ.

(*) Marcher droit, tourner en rond, j’emprunte l’image et l”expression au livre d’Emmanuel Venet (éd. Verdier, 2016) au titre si bien trouvé, car que faisons-nous d’autre que marcher droit pour finalement tourner en rond ?

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