qui a duré de

22 h 23 le mardi 1er avril à 11 h 46 le lundi 30 juin 2008

et au cours duquel j’ai

jardiné petit,

vu du pays,

rencontré des gens,

dormi chez des libraires,

et perdu un peu de sagesse (en forme de dent)

jours d’avril à juin 2008 écrits à raison de deux lignes quotidiennes pour le petit journal de Tiers Livre  et pour servir de suite à un hiver pas comme les autres

22:23 le mardi 1er avril  désaccordée, tout à fait c’était dans le caniveau côté n°s impairs de la rue Delambre, sur une longue portion, les débris disséminés en piteux état d’une guitare écrasée par une voiture : comment c’est possible et combien de jours en persisteront traces ?

16:47 le mercredi 2 avril Niagara la fuite d’eau sous la machine à café s’aggrave d’heure en heure ; elle résulte d’une manoeuvre intempestive de détartrage d’un appareil qui fonctionnait à la satisfaction générale des usagers de la cuisine depuis 9 ans : Astoria club à percolateur c’était, sûrement plus en vente, j’aurais mieux fait de m’abstenir

22:15 le jeudi 3 avril rue Delambre, suite et fin dans le caniveau, plus une seule miette de guitare : pas rêvé quand même l’autre jour ?

20:02 le vendredi 4 avril hypothèse de travail elle aurait attendu que je sois un peu prête pour me donner sa mort à écrire : c’est juste une hypothèse aussi je n’affirmerai rien, j’y pense c’est tout

16:17 le dimanche 6 avril jardiner en miniature j’ai planté trois pensées dans le pot en terre, rond, sur le rebord de la fenêtre de la cuisine ; elles seront peut-être un peu serrées, mais il m’en fallait trois des pensées

18:05 le mardi 8 avril plantations, encore ce soir la sncf m’a distribué des graines de marguerites à planter pour le développement durable disait-elle, mais je ne vois pas trop où : j’ai déjà trois pensées un peu à l’étroit dans leur pot

11:03 le  jeudi 10 avril en rage cette dent de sagesse, qui tout d’un coup, là, juste maintenant, voudrait douloureusement exister : qu’on ne vienne pas me dire que ça n’a rien à voir

23:59 le  vendredi 11 avril dans cet immeuble ce dîner rue Schoelcher, celui qui invitait avait dit "c’est chez Simone" et la plaque : c’était bien là ; un peu émue à pousser la porte

10:20 le dimanche 13 avril lire le conducteur l’écriture de Popescu est renversante : commencé hier soir La symphonie du loup et grand regret de devoir le poser au matin

19:42 le dimanche 13 avril à tour de bras dimanche de courrier sous toutes ses formes : souvenir revenu de celles qui écrivaient au dos des enveloppes "facteur presse le pas, l’amitié n’attend pas" et la belle jambe que ça lui faisait au facteur

22:41le lundi 14 avril terrain d’entente au café L’Atlantique où nous nous retrouvons, le journaliste me sort tout à trac de son sac son folio des Vies minuscules : on peut causer, et de quelques autres aussi

22:59 le mardi 15 avril névralgique casé sur l’agenda l’extraction de la dent dite de sagesse (couchée de tout son long) : c’est pour le 26 mai, en espérant qu’elle veuille bien se rendormir jusque là

09:48 le 17 jeudi avril ajax vitres ou vinaigre blanc soleil du matin sans pitié pour la crasse des vitres : il faudra faire les carreaux samedi ; commencer à en parler aujourd’hui pour que chacun en prenne sa part

16:50  le vendredi 18 avril  Fred Astaire et Ginger Rogers dans ce rêve, le producteur me cherchait partout en criant "on stage, on stage" et c’était pour un numéro de claquettes, mais je ne pouvais pas, mes semelles étaient caoutchouteuses molles et je n’avais pas répété : cauchemar

20:11 le lundi 21 avril  mystères de l’édition Il y a des choses que je ne comprendrai jamais

21:56 le mardi 22 avril à l’aveuglette sentiment de pousser des portes, les unes après les autres, et puis ce qui attend au bout du couloir ?

08:39 le jeudi 24 avril invariable rêvé qu’elle était morte dans mes bras, juste au creux, comme on portait nos nouveaux-nés

15:14 le vendredi 25 avril s’effilocher dans cette dispersion, être sûre que je ne lâcherai pas le fil qui tient le tout

15:08 le samedi 26 avril aquatique solitaire12h50-13h30 : seule dans ma ligne d’eau, sur le dos, être portée ne plus porter, et le retour en vélo, que de la descente

21:35 le dimanche 27 avril folle à lier ? Moi qui n’étais pas la plus liante des personnes, je me surprends à ficeler des liens partout ; il faudra bientôt m’arrêter

09:16 le lundi 28 avril dans Casablanca hantée par les 55 morts brûlés derrières ces portes bloquées de l’usine en feu où l’on fabriquait des matelas

07:05 le mardi 29 avril chevaleresque je prends mon petit-déjeuner avec Don Quichotte dans la cuisine : c’est le cours de Roger Chartier à la radio et les bois gravés que les imprimeurs réutilisent

08:59 le vendredi 2 mai fourmis tous les ans au printemps, il y a un jour où une colonne de fourmis essaie de traverser l’appartement (rez de chaussée, jardin autour) : c’était hier et ça m’a beaucoup occupée

10:46 le samedi 3 mai profusion dans l’allée, les glycines et les lilas : fleurs, en veux-tu en voilà

12:47 le dimanche 4 mai la vie des bêtes (encore) le chat boîte, patte avant gauche et je suis la première à m’en apercevoir ; son moral n’a pas l’air atteint : on s’en occupera demain

21:44 le lundi 5 mai identité remarquée quelqu’une, dans l’exercice de ses fonctions, voyant mon nom sur un formulaire, me demande si je suis bien moi, je confirme ; ça lui fait rudement plaisir, c’est à cause d’un livre qu’elle lit en se moment : ça me fait plaisir aussi

21:59 le mercredi 7 mai cerisaie il me dit : c’est quoi ton histoire de tous chez le notaire, on n’est jamais obligé, t’as qu’à envoyer ta signature, c’est du roman que vous vous faites ; je lui dis que j’irai au bout du roman russe

19:39 le jeudi 8 mai carte escapade acheté le billet de train pour samedi/dimanche ; la dernière fois que je suis allée là-bas j’ai voyagé dans une voiture mortuaire avec GPS : le fils aîné et la plus jeune des filles, de part et d’autre

20:24 le vendredi 9 mai amortir penser que peut-être les haies d’aubépines seront en fleurs

00:00 le lundi 12 mai leçon de modestie la cousine, là bas, qui me dit :"mais, t’en as vendu, quand même ?"

22:06 le lundi 12 mai épigraphique je suis allée lire le deuxième nom gravé à côté du premier, sur la même pierre, mais je ne marche pas dans cette combine : je sais bien que mes morts ne tiennent pas en place

18:55 le jeundi 15 mai confidence à Genève, dans une vie antérieure, j’ai bien connu un Genevois qui habitait aux Délices, là où Voltaire avait sa maison

21:33 le vendredi 16 mai saison qui bat son plein tous ces touristes en shorts, aux abords du Louvre, sur les quais, sur les ponts : est-ce que je leur inflige mes jarrets, moi ?

01:06 le dimanche 18 mai logée chez le libraire ça doit être la première fois que je dors chez un libraire et c’est au bord de l’Atlantique, je ne dors pas souvent non plus au bord de l’Atlantique : je ne vais peut-être pas dormir

16:35 le dimanche 18 mai orchestre à cordes dans le tgv du retour, le contrôleur, pas mélomane pour 2 sous, veut infliger une amende de 45 euros à chacune des deux contrebasses qui débordent un peu

06:51 le mardi 20 mai incompétence début de séminaire du labo, à 4, ils essaient de faire reconnaître la clé usb de l’invité suisse par le matériel maison pour projeter ; au bout de 25 mn ils renoncent et décident de tourner le portable vers nous, on est 15 dans une petite salle : je ne supporte plus du tout ce genre de scène

18:10  le mardi 20 mai introspection je ne suis plus jamais tranquille maintenant qu’il y a l’écriture ; mais avant, encore moins, autrement

22:58 le vendredi 23 mai print & spleen imprimé 67 pages qui ne l’avaient jamais été ; et après, tristesse à revendre

00:08 le dimanche 25 mai garde-robeje ne mets jamais ma robe d’écrivain les jours où je vais faire l’écrivain : je préfère la laisser dormir tranquillement dans mon placard

22:56 le dimanche 25 mai sagesse (en finir avec la)

extraction demain : phobie de ces piqûres qui insensibilisent

19:19 le lundi 26 mai la métamorphose si vous croisez un hamster en train de manger une glace, fortes chances que ce soit moi

20:12 le mardi 27 mai un peu sauvage fête des voisins qui se prépare dans l’allée : cette année mon excuse est toute trouvée, suffit que je paraisse à ma fenêtre...

20:39  le mercredi 28 mai plaies et bosses demain et vendredi, passe encore, je peux ne pas sortir, mais samedi ? il me dit : arrête un peu avec ça, t’as une rondeur de plus, c’est tout

14:42 le jeudi 29 mai suites opératoires et maintenant je crois bien que je vais bleuir ; la bouchère m’a dit : vous devez être allergique aux produits

19:36 le samedi 31 mai pas chaud à Cachan, dans la rue piétonne, c’était un peu juste avec ma veste ; sur mon portable, en rentrant, trouvé le message de Léo qui s’était fait piquer son vélo dans l’après-midi

19:14 le lundi 2 juin exploitation tout misé sur un train de 8h35 qui n’est jamais passé, suite à l’avenant ; sauf déjeuner complice avec P.A.

22:29 le mardi 3 juin fortiche lu en entier le dernier Bergounioux dans les 7 mn de train entre Paris-Montparnasse et Clamart

20:09 le mercredi 4 juin drame de l’incommunicabilité je n’essaie même pas de détromper cette spécialiste du théâtre français XVIIIe siècle croisée café des Temps, BnF, qui me dit : cette espèce de nombrilisme des blogs, c’est absolument insupportable

09:27 le vendredi 6 juin couteaux dans plaie encore entendu : et maintenant on attend celui sur ta mère

00:36 le dimanche 8 juin en Ardèche c’est la deuxième fois que je dors chez un libraire ; il y a 8 chambres dans la maison du libraire et 40 000 livres ; si je ne dors pas ce ne sera pas à cause de l’Atlantique cette fois

21:18  le dimanche 8 juin caméléon

à chaque retour en TGV, la difficulté éprouvée à me reglisser à temps dans ma vieille peau et cette tristesse induite

21:51 le lundi 9 juin entretien annuel j’ai mal rempli mon dossier annuel d’activité : il faut absolument avoir des projets d’évolution professionnelle ; après, salade niçoise avec le directeur au pub du bout de la rue

23:03 le mardi 10 juin  sortir bras nus il y a bien ma robe d’été que je pourrais mettre, mais le temps que je me décide, le coup de chaud aura passé ; je ne sais pas comment font toutes celles déjà fines bretelles ou même pas

09:38 le jeudi 12 juin même pays de pluie la maison est vide, sauf ce qui a été mis de côté pour moi dans un coin, Emmaüs est passé hier et encore des voyages à la déchetterie : "tu n’imagines pas" me redis ma soeur

23:50 le vendredi 13 juin mal chaussée je ne ferai jamais une bonne romancière : constaté ce soir qu’il fallait des talons aiguilles

20:25 le samedi 14 juin erreur d’aiguillage à Montparnasse, je prends la 13 au lieu de la 6 pour aller à la BnF, je m’en aperçois seulement à Saint-François-Xavier ; pas dans mes habitudes d’aller bosser là le samedi, mais bien trop de dead lines en juin

22:05 le dimanche 15 juin studieux  deux qui travaillent chacun dans leur coin, chambre pour celui qui passe le bac français vendredi, cuisine pour celle qui planche mardi et vendredi

19:53 le lundi 16 juin littoral arpentant d’un pas preste ce déambulatoire de la BnF, je reconnais tout de même au passage, parmi les photos exposées, celles de Marc Deneyer sans avoir besoin de lire son nom 

20:30 le mardi 17 juin lieu mémoire en fin de colloque, l’urbaniste un peu malmenée par la salle vient me voir : "vous au moins vous avez fait l’unanimité, pas comme nous, les gens ne comprennent jamais ce qu’on fait"

21:07 le mercredi 18 juin se projeter pour changer, j’ai pris la rue Henri Barbusse au lieu de la rue Pierre Nicole, mais ça ne changeait pas grand chose au fond : m’attendait toujours mon dossier annuel d’activité à re-remplir (d’urgence maintenant) et avec projet d’évolution professionnelle cette fois

21:21 le jeudi 19 juin  vie en gare cette horrible baleine en pièces de méccano échouée dans son enclos au bout de la voie 10 : s’ils croient nous faire plaisir !

20:34 le samedi 21 juin sans titre quand l’écriture ne passe pas, comme tous ces jours, et quelles qu’en soient les raisons, je me sens comme une cafetière inutile

21:25 le dimanche 22 juin 2008 lessives je m’étonne et m’inquiète de la grande satisfaction, hors de raison, que j’éprouve à voir le linge sécher si vite que les draps ôtés des lits au matin y seront remis secs et propres ce soir ; je me demande s’il y a de l’anthropologie là-dedans et du coup je me souviens d’Yvonne Verdier et je cherche son beau livre Façons de dire, façons de faire, la laveuse, la couturière, la cuisinière sur mes étagères

23:17 le lundi 23 juin inexorable suite de la procédure, signature avec le directeur du dossier annuel d’activités, individuel, et réunion sur le rapport de contractualisation à 4 ans du labo (et une autre encore mercredi) ; comme si ce n’était pas un peu absurde

à 23:08 le mardi 24 juin toutes les manières possibles je sais qu’hier soir j’ai lu deux livres en papier (Ortlieb, Portier), que ce soir je lis, couchée aussi, mais l’ordinateur posé sur le ventre, qu’on est les mêmes, et dans les bibliothèques aussi, que j’aime lire et que je veux continuer, partout et par tous les sens

21:36 le mercredi 25 juin mondes recoupés tout est à vendre ; le compagnon de MC qui était dans le coin est passé voir aujourd’hui : il achète la dégauchisseuse et la scie à ruban, il voudrait aussi l’établi, une brouette, les petites enclumes et des outils, dit ma soeur ce soir

17:23 le samedi 28 juin p. 103, chair et os elle entre dans la librairie et dit qu’elle est dans le livre, que c’est elle la Petite Zouave

11:46 le lundi 30 juin fonds perdus immense regret soudain de ne pas avoir photographié les papiers peints dans chaque pièce vide : à faire absolument

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copyright martine sonnet

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