L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Coeur de liasse

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Sortir la liasse pesante de son carton gris, évaluer que desserrant sa ceinture on y trouvera des feuilles volantes de divers formats, des feuilles cousues en cahiers, des registres reliés et qu’il faudra du temps pour en faire le tour ;

comprendre qu’il y a eu des repentirs,

des egos bien dimensionnés

et que finalement ce que je cherche dort au coeur de ce cahier parcheminé à rabat serré par des lanières, Livre des gages des domestiques et autres gages, où l’on faisait mémoire notamment des sommes versées au maître à danser des cinq filles mineures de dame Marie-Anne Gambetta veuve du sieur Jean-Baptiste Rex.

Remettre chaque pièce à sa place, poussières d’encre de 300 ans trop sèche collée au bout des doigts, reboucler la courroie autour du papier kraft qui maintient la liasse et reglisser cette dernière dans le carton gris. Rapporter le carton. Montrer ouvert son ordinateur en sortant de la salle et qu’aucun document volé ne s’y cache. Reprendre ses affaires au vestiaire. Quitter les archives.

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fév 13, 2011

Des auteurs chez Louis-Sébastien Mercier

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La lecture du texte de François Bon sur Tiers Livre Un petit souci avec Balzac et les contributions qui s’y greffent m’y font penser : reprenant le Tableau de Paris de Mercier récemment, et y vagabondant, j’en avais extrait plusieurs passages évoquant les auteurs et leur condition, notamment matérielle. Je les livre ici comme pièces rétroactives au débat et cela me permet d’étrenner la nouvelle maquette du blog (je ne savais pas quoi écrire pour le reprendre en mains dans sa nouvelle grande largeur !)

T.2 vol.1, p. 331-336. Chapitre CXXXVII Auteurs

A Paris sont ces écrivains qui moissonnent et qui vendangent avec leur plume, qui ont dans leurs écritoires toutes leurs terres et toutes leurs rentes. (…) Les pensions que le gouvernement accorde aux gens de lettres ne se donnent ni aux plus pauvres, ni à ceux qui ont le plus utilement travaillé. Les plus souples, les plus intrigants, les plus importuns, enlèvent ce que d’autres se contentent d’avoir mérité au fond de leur cabinet.

La pauvreté de l’homme de lettres est à coup sûr un titre de vertu, et une preuve du moins qu’il n’a jamais avili ni sa personne, ni sa plume. (…)

Les gens de lettres emploient ordinairement la matinée au travail, et ils ont tort ; la composition du soir a beaucoup plus de feu : mais les spectacles et les dissipations journalières tuent le génie, et l’empêchent de suivre de grands travaux. (…).

T.2 vol.1, p. 336-339. Chapitre CXXXVIII Des demi-auteurs, quarts d’auteurs, enfin métis quarterons, etc

Tels sont ceux qui versent dans les Mercures et dans les journaux, ou de petits vers innocents, ou des morceaux de prose niais, ou des critiques sans lumière et sans sel, et qui s’arrogent ensuite dans les sociétés le titre d’hommes de lettres. (…)

T.8 vol.2, p. 318-324. Chapitre DCXXII Trente écrivains en France, pas davantage

(…) de fait, il n’y a point en France plus de trente écrivains constamment livrés à leur art. Le dégoût, la sécheresse, l’indigence, la crainte des persécutions, et surtout la paresse, font sortir les trois quarts et demi de la carrière, dès qu’ils y ont fait les premiers pas. Ils se jettent dans le chemin battu de la fortune. Plusieurs écrivains, même célèbres, n’entretiennent leur renommée que par quelques ouvrages, semés à de prudents intervalles. Or qu’est-ce que trente hommes faisant profession ouverte de ces honorables travaux, au milieu d’une nation composée de plus de vingt millions d’hommes ?

Les écrivains seraient dix fois plus nombreux qu’ils mériteraient encore d’être considérés : car sous quelque rapport qu’on les envisage, ils sont utiles. (…) Tout lecteur doit de la reconnaissance à tout auteur. celui qui ne lit pas doit savoir encore que la langue, la société et les moeurs doivent infiniment à la classe des écrivains.

T.10 vol.2, p. 1009-1013. Chapitre DCXXII Femmes-auteurs

Dès que les femmes publient leurs ouvrages, elles ont d’abord contre elles la plus grande partie de leur sexe, et bientôt presque tous les hommes. (…) Une femme qui écrit doit faire exception, on en conviendra ; car les devoirs d’amante, d’épouse, de mère, de sœur, d’amie, souffrent toujours un peu de ces ingénieuses distractions de l’esprit, et l’homme tremble que les qualités du cœur ne viennent à se refroidir au milieu de l’enchantement de la renommée. (…)

Encore, si les femmes s’emparaient de la science ; mais non, elles prennent les légéretés, les finesses, le sentiment, les grâces originales de l’imagination, le peinture de nos défauts, et elles font tout cela sans études, sans collèges, et sans académie.

T.11 vol.2, p. 1260-1262. Chapitre CMXXXVIII Misère des auteurs

La plus déplorable des conditions, c’est de cultiver les lettres sans fortune, et voilà le partage du plus grand nombre des littérateurs ; ils sont presque tous aux prises avec l’infortune ; il en résulte un débat éternel entre la hauteur, la noblesse des idées, et les besoins impérieux et avilissants ; c’est un supplice journalier, un tourment insupportable ; il faut bientôt qu’il tue l’homme ou son génie. (…)  Ah ! loin de cette carrière, vous qui ne voulez pas connaître l’infortune et l’humiliation, ou arrangez vous pour ne pas vieillir, et mourez de bonne heure.

Comme les extraits précédemment proposés sur le blog, c’est la réédition dirigée par Jean-Claude Bonnet parue au Mercure de France en 1994 que j’ai utilisée. J’ai respecté les chapitres et leurs intitulés mais pas forcément le découpage des paragraphes, pour ne pas morceler à l’extrême ; toutes les coupes sont indiquées par (…).

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déc 31, 2010

Autres aperçus (et actualité ?) de Louis Sébastien Mercier

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Pour servir de suite au billet précédent, d’autres extraits du Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier (paru dans les années 1780), toujours à propos des livres et de leurs lieux dans la ville, des lecteurs ou des gens de lettres.

Chapitre CCXVIII Lectures (vol. 1, p. 544-547 de l’édition dirigée par Jean-Claude Bonnet au Mercure de France en 1994)

Il s’est introduit un nouveau genre de spectacles. C’est un auteur qui ne lit pas à ses amis pour en recevoir des conseils et des avis, mais qui indique tel jour, telle heure (et il ne manque plus que l’affiche) ; qui entre dans un salon meublé, se place entre deux flambeaux, demande un sucrier ou du sirop, calomnie sa poitrine, tire son manuscrit de sa poche, et lit avec emphase sa production nouvelle, quelquefois somnifère. (…)

Dans ces sortes de lectures, tout prête au ridicule. Le poète arrive avec une tragédie rimée et fastidieuse, ou avec un gros poème épique, dans une assemblée peuplée de jeunes et jolies femmes disposées à folâtrer et à rire, qui ont à côté d’elles leurs amants : elles s’occupent plus de ce qui les environne, que de l’auteur et de sa pièce. (…) Qu’une femme rie par hasard, une autre éclatera, et tout le cercle fera de vains efforts pour contraindre sa belle humeur. Que deviendra le pauvre auteur avec son rouleau de papier ? S’il montre du courroux, il paraîtra plus ridicule encore ; qu’on ne l’écoute point ou qu’on l’entende mal, il est obligé de continuer.

Chapitre CCCLXXVII (vol.1 p. 1046-1047) Loueurs de livres

Usés, sales déchirés, ces livres en cet état attestent qu’ils sont les meilleurs de tous ; et le critique hautain qui s’épuise en réflexions superflues, devrait aller chez le loueur de livres, et là voir les brochures que l’on demande, que l’on emporte, et auxquelles on revient de préférence. (…)

Les ouvrages qui peignent les mœurs, qui sont simples, naïfs ou touchants, qui n’ont ni apprêt, ni morgue, ni jargon académique, voilà ceux que l’on vient chercher de tous les quartiers de la ville, et de tous les étages des maisons.(…)

Grands auteurs ! allez examiner furtivement si vos ouvrages ont été bien salis par les mains avides de la multitude ; si vous ne vous trouvez pas sur les ais de la boutique du loueur de livres ; ou si vous y trouvant vous êtes encore bien propres, bien reliés, bien intacts, faits pour figurer dans une bibliothèque vierge, dites-vous à vous-même : J’ai trop de génie, ou je n’en ai pas assez.

Il y a des ouvrages qui excitent une telle fermentation, que le bouquiniste, est obligé de couper le volume en trois parts, afin de pouvoir fournir à l’empressement des nombreux lecteurs ; alors vous payez non par jour, mais par heure. A qui appartiennent de tels succès ? Ce n’est guère aux gens tenant le fauteuil académique.

Chapitre CMXCV Revendeurs de livres (vol.2, p. 1425-1428)

On lit certainement dix fois plus à Paris qu’on ne lisait il y a cent ans ; si l’on considère cette multitude de petits libraires semés dans tous les lieux, qui retranchés dans des échoppes au coin des rues, et quelquefois en plein vent, revendent des livres vieux ou quelques brochures nouvelles qui se succèdent sans interruption. (…)

Les boutiques où se vendent les nouveautés littéraires attirent de préférence les auteurs et les curieux amateurs de littérature ; on en voit des groupes qui restent comme aimantés autour du comptoir ; ils incommodent le marchand, qui, pour les faire tenir debout, a ôté tous les sièges ; mais ils n’en restent pas moins des heures entières appuyés sur des livres, occupés à parcourir des brochures et à prononcer d’avance sur leur mérite et leur destinée, après en avoir lu seulement quelques lignes.(…)

Avertissement : avant de laisser lire ces dernières glanes, relatives à la Bibliothèque royale, aïeule de notre BnF, je prends grand soin de préciser que les dire de Louis-Sébastien Mercier ne sont absolument plus d’actualité au XXIe siècle, comme ils ne l’étaient déjà plus au XXe, et surtout pas à propos des bibliothécaires (clin d’oeil amical à celles et ceux qui passent par là) : encore une bibliothèque que je fréquente en effet depuis belle lurette. Et comment ne pas avoir ici une pensée pour le beau film d’Alain Resnais Toute la mémoire du monde (1956).

Chapitre CXCIV Bibliothèque du roi (vol 1, p. 479-482)

Ce monument du génie et de la sottise prouve que le nombre des livres ne fait pas les richesses de l’esprit humain. C’est dans une centaine de volumes environ, que résident son opulence et sa véritable gloire. Parcourez cet édifice : dans les allées de cette bibliothèque immense, vous trouverez deux cents pieds en longueur sur vingt de hauteur, de théologie mystique ; cent cinquante de la plus fine scolastique ; quarante toises de droit civil ; une longue muraille d’histoires volumineuses, rangées comme des pierres de taille, et non moins pesantes ; environ quatre mille poètes épiques, dramatiques, lyriques etc., sans compter six mille romanciers et presque autant de voyageurs. L’esprit se trouve obscurci dans cette multitude de livres insignifiants, qui tiennent tant de place, et qui ne servent qu’à troubler la mémoire du bibliothécaire, qui ne peut pas venir à bout de les arranger. (…)

Ce vaste dépôt n’est ouvert que deux fois la semaine et pendant deux heures et demie. Le bibliothécaire prend des vacances à tout propos. Le public y est mal servi et d’un air dédaigneux. La magnificence royale devient inutile devant les règlements des subalternes, paresseux à l’excès. Ne devrait-on pas pouvoir puiser chaque jour dans ces gros volumes faits pour être consultés plutôt que pour être lus ? Il faut attendre des mois entiers qu’il plaise aux commis d’ouvrir la porte. les livres les ennuient, et ils ne vous les donnent qu’en rechignant.

A la bibliothèque de l’Arsenal

NB : ces deux billets d’extraits de Mercier m’amènent à créer une nouvelle catégorie du XVIIIe siècle, billets archivés revisitables.

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oct 3, 2010

Aperçu et actualité de Louis Sébastien Mercier

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Picorant hier matin, à la bibliothèque de l’Arsenal où il fait si bon travailler, dans les 4000 pages du Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier, parues en douze volumes entre 1781 et 1789, je n’en crois pas mes yeux quand je lis au chapitre CXLIV consacré aux Bouquinistes (dans la réédition sous la direction de Jean-Claude Bonnet au Mercure de France en 1994, vol. 1, p. 348-351) :

On ne lit presque point à Paris un ouvrage qui a plus de deux volumes. (…) Nos bons aïeux lisaient des romans en seize tomes, et ils n’étaient pas encore trop longs pour leurs soirées. il suivaient avec transport les mœurs, les vertus, les combats de l’antique chevalerie. Pour nous, bientôt nous ne lirons plus que sur des écrans. (…) Il faut être court et précis, si l’on veut être lu aujourd’hui.

La déploration des impatiences de lecture, déjà, sonne familièrement à nos oreilles, et qu’il faut faire court pour augmenter ses chances d’être lu, au XXIe siècle tout le monde vous le dira mais, franchement, je m’y suis reprise à deux fois pour m’assurer avoir bien lu que pour nous bientôt nous ne lirons plus que sur des écrans.

Parce que je me suis crue tout à coup ramenée au pas de charge  des années 1780 à nos discussions de tous les jours, sur le Net, au bureau et au café à propos de nos usages de lecteurs/écriveurs et de leurs évolutions ou sur nos addictions aux écrans de tous les formats. Sans parler des tables rondes dont on voit passer les annonces, (quand on ne  vous invite pas à y mettre votre grain de sel) sur ce que le numérique change à la littérature, à la lecture, à l’écriture, à la chaîne du livre, aux métiers du livre, au droit d’auteur, j’en passe et des meilleures.

Je savais Mercier, fureteur hors pair de sa ville et des travers de ses contemporaines et contemporains, également visionnaire : il a écrit un roman d’anticipation, L’an 2440 – dont il faudrait voir de plus près le chapitre sur la Bibliothèque du roi – mais au point d’avoir eu la prescience de nos bibliothèques et cabinets de lecture numériques !

L’illusion n’a duré que le temps d’atteindre la note de bas de page rejetée en fin de volume : les écrans en question ignorent les pixels et les cristaux liquides, il s’agit d’écrans pare-feu « qu’on orne de diverses histoires ou images » précise le Dictionnaire de Trévoux, appuyant sa définition d’exemples : « C’est un ignorant, qui n’a jamais appris le blason que dans les écrans ; un mauvais poète, qui ne fait des vers que pour les écrans. »

Une chose toujours vraie c’est que la lecture occupe nos soirées : sur twitter suivre #lecturedusoir pour en composer quotidiennement une bibliothèque éphémère et constater que parfois c’est bien sur écran que la rencontre avec la littérature de nos jours se produit. Mercier, au coin de sa cheminée, devant son pare-feu (qu’on ne confondra pas avec nos firewalls) voyait assez juste.

(Les salles de travail de la bibliothèque de l’Arsenal, de celles que je fréquente de longue date)

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oct 2, 2010

3′ 39″ en compagnie de la marquise de Verdelin

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Pour l’ouvrage 100 monuments, 100 écrivains qui vient de paraître aux éditions du Patrimoine, j’ai écrit un texte à propos du château de Carrouges, dans l’Orne, monument que j’avais choisi (par affinité départementale native) dans la liste de ceux qu’aucun auteur n’avait encore adoptés.

J’ai un temps hésité avec la citadelle de Montdauphin, dans les Hautes-Alpes, passage obligé pour rejoindre mes montagnes préférées, mais Carrouges l’a emporté quand j’ai identifié une de ses habitantes éclairées, la marquise de Verdelin, belle-mère du général Alexis Le Veneur seigneur du lieu, fidèle amie et correspondante de Jean-Jacques Rousseau dont elle fut un temps la voisine. C’est par ses yeux, dès lors, que j’ai perçu le château.

La marquise, grande épistolière comme le XVIIIe siècle en a produit tant, n’ayant pas laissé de mémoires, je lui ai un peu forcé la main, et en résulte une Page arrachée aux mémoires apocryphes de la marquise de Verdelin, datée de juillet 1778. Cliquez ci-dessous si vous souhaitez l’entendre : je vous la lis.

Verdelin.mp3

Ecrivant avec procuration de la marquise, j’étais aux anges et relisant ses échanges avec Rousseau je revenais aux questions qui m’occupaient tout le temps de ma thèse puisque Madame de Verdelin est mère de trois filles dont l’éducation la préoccupe beaucoup et qu’elle s’en entretient parfois avec son correspondant (le jour où un éditeur voudra enfin republier L’éducation des filles au temps des Lumières, j’y glisserai quelques extraits de leurs lettres).

Par ordre d’apparition chronologique, puisque c’est le principe retenu pour nous ranger avec nos monuments historiques, le mien porte le numéro 62, comme l’atelier, coïncidence que je ne pouvais passer sous silence ! (Pas plus que la bonne compagnie au fil des pages de ce gros livre de quelques collègues blogueurs figurant aussi au catalogue des éditions publie.net).

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déc 26, 2009

Billancourt, le roi chasse

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Poursuivant la relecture du journal que le libraire parisien Prosper Siméon Hardy a si heureusement titré Mes Loisirs ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance en vue de son édition (j’en ai déjà parlé), je ne saurais rester indifférente à la petite nouvelle que celui-ci consigne à la date du lundi cinq septembre 1774

Le Roi chasse avec les deux princes ses frères dans la plaine de Billancourt, près de Boullogne.

Ce jour le Roi accompagné de Monsieur et de Monsieur le comte d’Artois ses deux frères, chasse depuis trois heures après midi jusqu’à près de sept heures du soir dans la plaine de Billancourt et dans celle de Boullogne. Je vois Sa Majesté qui paroissoit fort gaie parler très grâcieusement au prince de Soubise capitaine des chasses de ce canton, avant que de remonter dans sa voiture en terminant la chasse au bout du Pont de Séve, où l’on crie à plusieurs reprises ; vive le Roi. Sa Majesté n’étoit accompagnée comme pendant la chasse que des deux princes ses frères et du duc de Villeroy capitaine de ses gardes. Madame Clotilde et Madame Elisabeth sœurs du Roi regardoient la chasse de la terrasse du château de Bellevuë où elles s’étoient rendues de Versailles.

Et je saisis l’opportunité que m’offre Hardy de signaler que j’ai très récemment mis en ligne sur le site complémentaire à ce blog une page de photos faites à Billancourt, justement, le lundi 3 août dernier, dans la matinée, y circulant sur mon vélo (de ville, très différent de celui de campagne).

Où l’on verra que la plaine trapézoïdale se hérisse en certains endroits de grues et que l’île, en son état actuel, ne se prête guère qu’aux châteaux de sable.

Où l’on verra aussi que le portail noir Emile Zola a disparu depuis mon dernier passage.  On n’y posera plus les mains. On ne le prendra plus en photo.

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sept 2, 2009

Des livres noyés

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Dans l’exercice de ses fonctions, L’employée aux écritures lit en ce moment l’année 1773 du journal, joliment titré Mes Loisirs ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance que le libraire parisien Prosper Siméon Hardy a tenu de 1753 à 1789. Son manuscrit conservé par la Bibliothèque historique de la ville de Paris est en cours d’édition ; le volume 1 couvrant les années 1753-1770 est paru, le 2, 1771-1772 est sous presse, et nous (une équipe de l’IHMC sous la direction de Daniel Roche et une équipe de l’UQAM sous la direction de Pascal Bastien) préparons la suite. A terme, il y en aura 12.

Parvenue à la date du mercredi cinq mai 1773, je me suis bien amusée en y lisant cet événement ayant frappé, à juste titre, le libraire

Un particulier auteur fait jetter quatre crochetées de livres en feuilles dans la rivière. Ce jour vers trois heures après midi un particulier qu’on disoit se nommer Gibert vêtu d’un habit gris, étant arrivé à l’entrée du Quay de Conty suivi de quatre crocheteurs portant chacun leur charge de livres en feuilles, ordonne à ces crocheteurs de les jetter dans la rivière pardessus le parapet, ce qui s’exécute sur le champ au grand étonnement de tous ceux qui en sont témoins. Plusieurs personnes courent en battelet pour avoir des exemplaires du livre qui venoit d’être proscrit si singulièrement, et l’on apprend qu’il portoit pour titre ; Histoire de deux amans françois en prose et en vers La Haye – Paris chez Fétil l’un des douze libraires non jurés de l’Université, 1770. On prétendoit que le susdit particulier étoit auteur de cet ouvrage, et que comme il avoit eu quelque difficulté avec le libraire par rapport à son peu de débit, il avoit pris par une espèce de dépit le parti de l’anéantir totalement, de combien d’autres ouvrages n’étoit-il pas à désirer que les auteurs pussent se déterminer à débarrasser le public de la même manière ?

Quand on pense, 236 ans plus tard, à la somme des livres qui ne se vendent pas parce que leurs lecteurs potentiels n’ont pas le temps de les rencontrer sur les tables des librairies qu’ils ont déjà poussés par d’autres, on se dit que si leurs auteurs se dépitaient de la sorte le Zouave du pont de l’Alma n’aurait qu’à bien se tenir pour arriver à donner encore signe de vie.

Et lisant cela, je me souviens aussi d’un autre livre noyé, mais c’est une toute autre histoire.

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juil 1, 2009

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