J’ai rencontré l’arracheur de dents spécialiste des sagesses tardives et récalcitrantes qui tentera de venir à bout de la mienne (qui ne se présente pas sous son meilleur jour). Depuis son réveil, moi qui me demandais avec curiosité et vague angoisse la forme que prendrait la somatisation d’événements récents un peu bousculés et bousculants, je crois que je sais – et qu’il y aurait sûrement beaucoup à dire, sur un divan par exemple, de cet abcès de fixation, la sagesse, maintenant, et quoi en faire.
L’homme de l’art est charmant, et zen et japonais je pense : la plaque et toutes inscriptions bilingues avec idéogrammes. Cabinet cossu dans immeuble cossu donnant sur place cossue dans quartier cossu. J’ai pris l’escalier – marbres, fer forgé, vitraux, tapis de haute lisse – histoire de jouir un peu plus longtemps de la sensation que la rumeur du monde qui nous fatigue, un peu, parfois, s’était arrêtée. Et pensé que ceux qui habitaient là ne devaient pas souvent l’entendre. Nous avons convenu qu’étant donnée une certaine propension à l’évanouissement en cas d’émotion forte, il serait pertinent d’élargir la médication préalable – antibiotiques et corticoïdes – à une chimie rassérénante.
Mon bureau mansardé regagné, j’ai constaté que l’arbre tardif qui m’inquiétait un peu la semaine dernière avait fini par faire ses feuilles, mais dommage qu’au vélux ce vert ciselé tout neuf s’imprime sur fond gris mouillé.