le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
A la rétrospective heureusement consacrée à l’oeuvre de la peintre Gabriele Münter qui vient de commencer au musée d’Art moderne de la ville de Paris (en même temps et aux mêmes dates que Matisse et Marguerite, le regard d’un père) on peut découvrir cette Nature morte dans le tramway, peinte sur carton vers 1909-1912, vraisemblablement à Murnau à une cinquantaine de kilomètres de Munich. L’artiste y réside alors avec Kandinsky, un compagnon qui quelques années plus tard se comportera avec elle en parfait goujat.
Ce tableau, comme beaucoup d’autres ainsi que des dessins et des photographies – car elle a d’abord travaillé la photographie – m’a bien plu. En tant qu’usagère assidue des transports collectifs urbains toujours curieuse de mes voisins et voisines et l’oreille tendue vers leurs conversations quand je peux les capter, comment aurais-je pu ne pas y être sensible ? Le pot de fleurs, les paquets, le sac bourse en tapisserie, les mains croisées maintenant précautionneusement le tout sur les genoux, confèrent à cette “nature morte” le charme discret d’une vie bourgeoise d’avant le séisme de 1914. J’aurais trouvé une place assise, comme la peintre, en face de cette passagère, j’aurais aimé en apprendre un peu plus sur sa vie. Dans le petit paquet bleu ficelé je verrais bien quelques douceurs, à déguster en papotant avec qui ? en buvant quoi ? Un livre dans le paquet moyen ? et dans le plus grand, emballé de rose, du linge de maison ou un cadeau de naissance ?
Si je conseille la visite de l’exposition Gabriele Münter, je conseille aussi, pour la préparer en découvrant au préalable le parcours, les lieux et les proches de l’artiste, de regarder le remarquable documentaire disponible sur le site d’Arte jusqu’au 31 août prochain : Gabriele Münter pionnière de l’art moderne. Je l’avais visionné juste avant et m’en suis trouvée fort bien.
J’aime beaucoup. Merci d’attirer notre attention sur le travail de cette peintre. À me donner d’aller y voir à la capitale !
Elise, je ne saurais que vous y encourager, et plusieurs expositions valent le détour ces temps-ci, au même endroit Matisse et sa fille, Suzanne Valadon à Beaubourg, et le Paris d’Agnès Varda à Carnavalet qui commence ces jours-ci !