le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Thé de Chine fumé
A midi, petite césure dans un samedi que je savais d’avance trop long et dispersé, entre la réunion d’un comité scientifique de doctes historiennes le matin sur la montagne Sainte-Geneviève et les discussions à bâtons rompus autour de livres posés sur des tables à tréteaux dans une rue piétonne de banlieue l’après-midi, je m’étais ménagée une demie-heure de décompression solitaire dans un salon de thé plutôt chic près du Luxembourg. C’était pratique, à deux pas du RER à prendre pour relier mes deux mondes en changeant de casquette.
Et soudain, comme je savourais ma polonaise accompagnée d’un thé de Chine fumé (en me disant, comme à chaque fois, que je devrais penser à en boire plus souvent et même à en acheter pour la maison parce que c’était vraiment une de mes boissons préférées) je me suis aperçue qu’à une table proche de la mienne se trouvait JBP, analyste-écrivain-éditeur à qui j’avais envoyé un manuscrit par la poste l’année dernière.
S’il avait été seul, ce qui n’était pas le cas, j’aurais peut-être osé lui parler. Lui dire combien sa belle lettre manuscrite reçue en réponse il y a un an, certes pour me signifier un refus, m’avait néanmoins fait grand plaisir. Des dix-huit manières dont on m’a dit non avant de me dire oui, la sienne avait été la plus élégante et la plus sensible.
Et peut-être même que je lui aurais raconté aussi ce qu’il est advenu d’un des personnages du livre une fois que le livre a fini par exister, après la dix-neuvième réponse, parce que je crois qu’un rebondissement pareil dans mon histoire serait susceptible d’intéresser un homme dan son genre – mais pas forcément l’éditeur.
3 Comments
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vous auriez du prendre sur vous et aller le voir : c’est une leçon pour la prochaine fois, n’hésitez pas, simplement pour lui faire part de ce que vous avez ressenti (je m’en souviens) lorsque, au moins il vous a répondu : ne croyez pas qu’il soit d’un autre bois que vous ou d’autres, ça lui fera plaisir, et de toutes les façons de quelque façons que ce soit, vous êtes appelés à vous rencontrer tous les deux (moi je ne sais pas pourquoi, mais il y a du frère à dedans…)
et la robe d’écrivain alors ?
j’ai un ami qui fait un blog sur les livres de psychanalyse (adresse donnée sur le forum de TL) par rapport au fétichisme des robes, ici :
http://psychanalivres.canalblog.com/c’est un ami
je reste amicalement avec vous
PCH -
vous savez, je suis seulement la soeur de la précédente de la précédente de la précédente et un maillon a rompu ; il y a aussi du frère mais moins
je ne crois pas que j’oserais plus la prochaine fois si la configuration se reproduisait, ce qui est peu probable : le thé de Chine fumé n’atteindrait pas forcément le même degré d’infusion et de saveur au moment précis où je lèverais les yeux vers mon voisin d’en face
le blog de votre ami est très bien, mais je n’ai pas de problème avec ma robe : elle dort sur son cintre, c’est tout
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je comprends le sommeil de l’objet, parce que je sais qu’il n’avait qu’une utilité de rêve; je vous assure qu’il faudra, la prochaine fois – ou même si vous le pouvez, vous devriez provoquer la rencontre- aller le voir (la timidité ça n’a rien d’humiliant, nous le sommes tous, et je crois bien qu’il partage avec vous ce trait) vous avez des choses à vous dire parce que vous n’êtes pas du même monde, et qu’il attend toujours ce type de révélation – relisez sa lettre (en même temps, ce que j’en dis, c’est juste de ma fenêtre, je regarde les arbres grimpent, les jeunes connards vendent leur teucsch et je les exècre…)
le hamster, c’est juste de l’histoire ancienne ? Pas de souci, vous voyez …
amicalement avec vous
