le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Il y a longtemps que je n’avais pas coupé les pages d’un livre.
J’ai d’abord nettoyé soigneusement la table de la cuisine, sur laquelle je craignais quelques malheureuses traces sucrées ou, pire, chocolatées, avant d’y déposer l’ouvrage. J’ai ensuite cherché dans le panier à couverts une belle lame propre à remplir cet office, un couteau fabriqué main : que cette affaire se règle entre hommes de fer.
Enfin, glissant dix fois la lame choisie de la tranche vers le dos du livre, j’ai libéré à la lecture les 36 pages paginées de Couleurs de Pierre Bergounioux – textes – et Joël Leick – dessins – qui vient de paraître aux éditions Fata Morgana.
C’est la dernière lettre de Poezibao qui m’avait alertée sur ces Couleurs, achetées chez mon marchand habituel, retour de Manosque ce début de semaine. Je ne suis apparemment pas la seule à avoir réagi très vite.
Couleurs, un très joli petit livre, comme déjà le précédent bref Années folles de Pierre Bergounioux paru il y a quelques mois aux éditions circa 1924. Des volumes aussi minces que ses Carnet de notes avec leurs milliers de pages sont robustes, mais dispensateurs de petits plaisirs qui aident à patienter.
Années folles, je l’avais lu ce printemps et sept minutes de train, retour de la librairie, y avaient suffi. Couleurs, livré plié se refuse à une lecture compulsive de cette sorte, demande qu’on prenne son temps (ou alors on l’esquinte) et les yeux n’y suffisent pas.
Mais ne comptez pas sur moi pour annoncer la couleur de ce qu’il y a l’intérieur : tâchez plutôt de mettre à votre tour la main sur un des cinq cents exemplaires…
PS : si vous cherchez d’autres articles de ce blog consacrés à Pierre Bergounioux, en voici quelques uns :
Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux
Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)
Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)
Compression d’étés bergouniens
Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux
Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux
Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux
Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux
Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress
Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010
“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur
Dans Les moments littéraires, Bergounioux
Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux
D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là
Je mets tout de même un commentaire, mais vous savez sûrement que nous lisons ce que vous élucubrez : il y a quand même un truc qui ne s’explique que par l’individualité des personnes qui font le blog, c’est à dire que vous prescrivez, je crois au fond, et que dans cette prescription, nous (je veux dire moi) n’avons guère à redire. oui, bon “couleurs” de béber, tout va bien, il va être au merle moqueur, un de ces quatre soirs, parfait etc… mais peut-être plus : je me dis (car je ne “tiens” pas un blog) quels sont donc les sujets qui accumulent les commentaires (voir l’ami Chasse Clou et les billets – j’adore ce mot, surtout avec le qualificatif de “vert” ensuite- qu’il a commis sur RD et JS), et puis aussi : un blog, c’est pour avoir des commentaires ? ou pour partager des commentaires ? De ce côté-ci du blog, du côté du commentateur donc, on (je) se (me) dit que c’est une question à laquelle on aimerait bien vous faire passer…
Je ne vous voyais pas en taxi, voyez comme le monde est fait (je me souviens : il y a vingt ans commençant cette activité, là, je prenais aussi le taxi, j’étais pressé, un rendez-vous là, ici, ailleurs, aller venir… Il y a des choses comme ça qui viennent, qui nous viennent un jour, puis un autre, elles n’existent plus (dans mon portefeuille, j’ai les coordonnées d’Antoine, le taxi que j’appelle dès que j’ai besoin de me rendre dans des endroits (Roissy par exemple) qui dérogent à l’habitude quand même) et avec qui je parlais, en novembre de ce qui se passe quand les parents décèdent : nous parlions de nous, de nos enfants, et la Seine-Saint-Denis défilait de part et d’autre de l’autoroute du nord
PdB, contente de vous lire, merci de ce commentaire instrospectif sur la pratique du commentaire, auquel je ne sais pas quoi trop répondre, si ce n’est qu’on est plutôt content quand en on trouve – puisqu’on les ouvre – et que cela rassure sur le fait qu’on est lu…
Prescriptrice avez-vous dit, vraiment pas conscience de l’être, c’est juste histoire de partager ce qui se passe, ce qu’on aime.
Pour le taxi, je vous explique : de la porte d’Orléans chez moi et surtout à cette heure-là, il était 23 heures passées, quand il n’y a plus qu’un train sur deux, soit un par demi-heure pour faire un parcours de 7 minutes, ce serait assez aberrant de remonter en métro à Montparnasse. Le plus rationnel est de loin le taxi, compte tenu de la courte distance.
Autrement je ne prends quasiment jamais le taxi, par exemple jamais pris pour Roissy ou Orly, quelque soit l’heure, on pratique les noctiliens et tout ça en cas de besoin.
Oui, et le vélib alors ? il n’y en a pas, mais ça viendra, on s’y emploie (c’est le cas de le dire)
Vous irez donc aux buveurs d’encre sans doute ? Nous nous y verrons s’il se trouve que j’y puisse aller, ce que je pense pour le moment, mais les choses changent tout de même…
Et puis, la conscience de la prescription est sans doute ontologique (disent les philosophes) au médium (je préfère le médium, j’aime bien, ça me fait penser à Pierre Dac et le tatouage du monsieur etc. vous savez, au “média” merdique employé trop fréquemment) ontologique donc au médium blog, je ne vois que ça : je ne puis parler que de ce côté-ci de l’écran, mais cette relation me convient aussi (lisez-vous celui, de blog, de françois morice, libraire, Pensées Classées ? sinon, allez y;
Avez-vous participé au rachat par PdJ de son appareil photo volé dans le train ? Si oui, il propose de lui imposer un gage (retournement de prescription, voyez) en lui demandant de réaliser une photo, il est marrant le garçon… Mais tant mieux, ce sont des choses qui arrivent, et j’y plonge avec plaisir, peur, et pour oublier aussi cette détresse qui parfois s’empare de mes souvenirs. Bien à vous.
Vous savez bien que le Vélib ne passe pas encore le périph et oui on en parle, mais je ne sais pas si cela ira bien au-delà du limitrophe.
Buveurs d’encre le 16, possible mais pas sûr encore.
Et le gage photographique, j’y réfléchis activement.
Me suis régalée des “Couleurs” aussi, dégotées à Montreuil (Folies d’Encre, forcément), savourées.
Contente de lire ici en tout cas à leurs sujets. En même temps ça ne m’étonne pas …
Hier j’ai moi aussi coupé les pages d’un livre (Histoires d’Almanach de Hebel chez Corti) et il y avait longtemps aussi mais comme j’ai deux mains gauches le résultat est catastrophique… Plus j’avançais plus ça m’énervait, le couteau passait au travers des pages, il y a plein de bords qui dépassent… enfin, mon exemplaire ne ressemblera à aucun autre, ainsi (c’est que je me dis pour me consoler).
Quels blogueurs ces écrivains….. dixit Télérama! curieuse comme tout, ravie de savoir que des écrivains blogaient, je vous ai choisie parce que le contenu de votre blog me parlait beaucoup (archives familiales, les papiers du père, Renault-Billancourt) …..je feuillette donc depuis un moment quand j’ai lu “Couleurs” de Bergounioux! Je ne l’ai pas lu celui là! mais j’ai fait la connaissance de Miette et ce tout petit livre m’a sacrément accrochée… mais il y parle de cette terre corrèzienne alors tout est dit!
Sinon pour faire écho au couteau fendant les feuilles, je dois dire que le dernier qui a subi ce sort est un très vieux livre retrouvé lors du nettoyage d’une très vieille bibliothèque! Il avait pour titre ‘Recettes de cuisine et conseils ménagers en période de restriction” datant de 1940… je l’ai donc ouvert! c’est de circonstance!
Merci pour cette visite : les amis du Corrézien Bergounioux sont les bienvenus ici ! (Je viens d’acheter son dernier livre “Une chambre en Hollande”, lecture très prochaine)