Le concept de l’oloé – le lieu Où Lire Où Ecrire : quête incessante - est une heureuse invention d’Anne Savelli auteure de Franck (mais pas seulement) paru l’année dernière, livre fort avec dérives et rencontres en villes, en gares et en prisons, le tout nimbé d’amour et accompagné magnifiquement en images et en voix sur la Toile. Son livre numérique Des Oloé Espaces élastiques où lire où écrire qui vient de paraître est lui natif du web, conçu lors de sa résidence virtuelle chez mélico – à qui je livrais dans le même temps mes Notes de voyages avec livre et où, en ce moment, des textes de Philippe Annocque et de Thierry Bienstingel sont accueillis.
Ce début juillet 2011, j’ai habité un Oloé auquel je mettrais bien ***** s’il en allait des Oloé comme des hôtels, mais mon Oloé n’était pas un hôtel mais un moulin sur un bras de Seine à Andé dans l’Eure, assez connu pour que je me dispense de raconter son histoire ; une longue histoire commençant au XIIe siècle et fortement enrichie à partir du milieu du XXe des présences des hôtes, artistes, musiciens et cinéastes notamment, et écrivains, reçus là par Suzanne Lipinska conquise par le lieu et désireuse de le partager.
Au moulin j’écrivais en bon voisinage avec Maurice Pons (et ses chats) vivant là à demeure ; ma chambre à soi d’une semaine située juste au dessus de chez lui. Souvenirs forts de Georges Perec dans les murs, comme de François Truffaut, de Jules, de Jim et de Catherine, pour ne pas dresser une trop longue liste de celles et ceux passés par là.
Précieuse semaine sans autres pensées que celle d’écrire quand l’ordinaire des jours c’est l’éparpillement et assez souvent le spectre des choses à faire dans le reste de la journée qui vient se mettre en travers de l’écriture des petites heures du matin tôt. Chantier en cours, chantier au long cours, esquissé jusqu’à son terme.
Le dimanche, comme tous les dimanches sans doute, un bateau de croisière est passé, apparition étonnante dans ce paysage ressenti comme l’écho d’un lointain “sentiment de la nature au XVIIIe siècle” ; beau sujet à méditer dans un parc dans lequel le végétal et la rocaille se fondent à la perfection.
Je me suis plue à Andé parce que dans la nature sans me ressentir à(de) la campagne. Nuance. Sentiment partagé me dit Suzanne Lipinska : je ne serais pas la seule, assez loin de là, à aimer le moulin sans trop goûter la campagne. Grande pensée amusée pour les pages de Georges Perec à propos de la campagne dans Espèces d’espaces… (le chapitre IX, p.101-107 dans mon édition, collection Médiations Denoël/Gonthier, achetée en septembre 1978, je l’ai noté à l’intérieur).
Sur la Seine croisent les bateaux du dimanche et sur l’herbe les bateaux des autres jours au fond desquels des arbres poussent.