L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for la vie tout venant

Pause de midi et compagnie du chat

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J’ai pique-niqué d’une poignée de cerises (achetée en passant chez l’épicier à l’angle des rues des Feuillantines et Gay-Lussac) toute seule dans le jardin de l’école, au soleil, en pensant à certains de ses anciens élèves, enfin à vrai dire surtout un, et qu’il avait vécu de sa jeunesse arrachée à la province ici.

J’ai aussi pensé qu’à l’âge des jeunes gens sûrs d’eux qui lui succèdent et que je croise tous les jours en rejoignant mon bureau sous les combles, il me semble bien que je ne savais même pas que cette école existait.

J’aime assez au vélux de mon bureau avoir souvent ces jours-ci la visite d’un chat, mi blanc – mi tigré gris, qui réside là et se promène sur les toits. Mes collègues m’ont mise en garde : il ne demande qu’à rentrer chez nous, mais une fois parvenu à ses fins, plus moyen de s’en débarrasser. Je me contenterai donc de continuer à le saluer fort civilement à travers le carreau quand il passe et le prendrai en photo pour illustrer ce billet dès que les conditions de matériel, de lumière et de patience de la bête, seront réunies.

 

 

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juin 24, 2008

Souffler le samedi

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Des choses sur lesquelles je voulais revenir après une semaine chargée.

Mardi, c’était aux côtés des anciens travailleurs de Renault Billancourt, expliquer et défendre pourquoi et comment les aménagements à venir des terrains du trapèze et de l’île Seguin doivent forcément inclure un lieu vivant dédié à la mémoire ouvrière du lieu et aux hommes et femmes venus de partout passés par là pendant un siècle. Je parlais la première, le matin, et mon propos c’était que cette mémoire-là est vive et fière, prête à surgir devant des images (ça avait été mon cas) ou des mots, ne demande qu’à être entendue et transmise, et que j’en recueille plein mon courrier. Le lendemain, Le Parisien (dans son édition des Hauts-de-Seine) rapportait une de mes petites phrases dont j’espère, comme tout ce qui s’est dit, qu’elle aura fait siffler les oreilles de la mairie de Boulogne.

Je sais bien que le blog manque de son ; si j’avais un petit enregistreur MP3, on m’aurait entendue. A défaut, une image : le portail Emile-Zola en janvier 2007.

Hier matin, bac français, le lycéen de la maison a choisi de se demander “si la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu’à imiter le réel”. Il fallait s’appuyer sur ses lectures personnelles. Moi, je ne sais pas très bien comment j’aurais fait : il y a un certain temps déjà que les personnages de roman ne courent plus mes livres de chevet.

Hier matin aussi, pendant que certains écrivaient, je parlais, à une journée d’études “femmes, histoire, voyages”, des impressions ressenties par une vingtaine de jeunes filles du XIXe siècle, tenant leur journal intime, lorsqu’elles découvrent une ville inconnue. J’étais partie du corpus défini par Philippe Lejeune dans son Moi des demoiselles, mis à jour parce que depuis la parution de son livre (en 1993) des éditions de textes ont eu lieu (Lucile Le Verrier ou Amélie Weiler par exemple) et certains sont passés sur Gallica (comme Eugénie de Guérin ou Valérie de Gasparin). Pour être honnête, elles m’ont donné du fil à retordre mes jeunes voyageuses et mon parti pris de traquer l’inscription du voyage dans des “journaux ordinaires”, comme césure du quotidien, et non pas dans des journaux ou récits spécifiquement “de voyage” ne me facilitait pas la tâche… Enfin, il paraît que c’était intéressant.

Demain matin, les effectifs se réduisant à nouveau de moitié ce week-end, l’employée aux écritures ira à la piscine au lieu d’aller au marché.

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juin 21, 2008

Un dimanche matin atypique

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Ce matin, l’employée aux écritures profitant de ce que les effectifs de la maison étaient réduits de moitié en cette fin de semaine, est allée au cinéma au lieu d’aller au marché.

Ce qui, dans l’absolu, ne semble pas un événement remarquable, une fois rapporté au fait que depuis deux ou trois ans je ne vais plus qu’exceptionnellement au cinéma (à peine une fois par trimestre) voit sa mention ici pleinement justifiée.

Il doit rester trois cinéastes dont je vois systématiquement les films – Nanni Moretti, Wong Kar-wai et Eric Rohmer – mais ils ne tournent pas à tour de bras, et s’il n’en restait qu’un se serait le carissimo Nanni.

Mais ce matin, il s’agissait de voir L’Aimée un film d’Arnaud Desplechin qui ne passe que dans un cinéma, une fois par semaine, à 10h30 le dimanche, et dans lequel il est question de la vente par son père de la maison de ses grands-parents à Roubaix et plus généralement de l’histoire familiale du réalisateur et de sa transmission. Des sujets auxquels je suis particulièrement réceptive en ce moment.

Intéressant, mais un peu bavard et avec quelques fils difficiles à démêler. Avec aussi un curieux parti pris de cacher les femmes vivantes (la mère de Desplechin comme la mère de ses propres enfants – trois petits  garçons que l’on voit, eux, beaucoup) alors que tout le film tourne autour d’une (ou deux ?) morte(s). 

Je me suis souvenue que le film d’Emmanuel Bourdieu pour la série “Mes parents” d’Arte, réalisé à partir des films super 8 familiaux réalisés par son père Pierre, m’avait surpris de la même façon en ne montrant quasiment que des hommes et des enfants. La parenté entre les deux oeuvres n’est pas seulement une vue de mon esprit puisqu’au générique de L’Aimée, Emmanuel Bourdieu est remercié.

Je me suis souvenue aussi d’un autre film Histoire d’un secret qui ressemble à ces deux-là, à certains égards, très beau et selon moi plus émouvant, montrant deux soeurs, la réalisatrice Mariana Otero et sa soeur comédienne, Isabel Otero, enquêtant sur la mort de leur mère, peintre de talent, décédée en 1968 des suites d’un avortement qu’on leur avait toujours fait passer pour une opération de l’appendicite ayant mal tourné…

En regagnant la gare Montparnasse à pied, croisé Albert Jacquard rue de Rennes, ce qui m’arrive très souvent dans ce quartier et me fait toujours plaisir.

Après quoi, passé l’après-midi à préparer des notes pour mon intervention au colloque Billancourt de mardi.

 

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juin 15, 2008

Changer de point de vue

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Avant, de la fenêtre de mon bureau sur les voies de chemin de fer

je voyais

maintenant de mon vélux je vois

toujours des façades à angle droit et un jardin qu’on aperçoit

mais c’est un autre monde, m’y habituer

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juin 10, 2008

Juin, plaisirs et pensum

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En juin, l’employée aux écritures aime beaucoup respirer le parfum des tilleuls en fleur, le soir, en traversant la place du marché, ou encore être invitée à dîner dans des jardins de banlieue, autour de maisons en meulière, avec cerisiers qu’il n’y a qu’à tendre le bras, et y rester jusqu’à la nuit noire et fraîche.

En juin, l’employée aux écritures aime moins remplir son dossier annuel d’activités (DAA), même si le formulaire est de mieux en mieux préparé : il est passé de 5 pages en juin 2007 à 12 en juin 2008, et ses rédacteurs ne sont pas avares de consignes à suivre pour aider à le remplir.

Néanmoins, l’exercice consistant à faire rentrer dans les cases toutes ses activités de l’année écoulée et ses aspirations profondes pour celle à venir, relève toujours un peu de l’art de la contorsionniste. Cette année, malgré sa grande souplesse naturelle et même si on lui tient si bien la main, l’employée aux écritures trouve que ça craque un peu par tous les bouts.

Pas sûr, d’ailleurs, que la multiplication des cases à l’infini aurait raison de tous ses faits et gestes.

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juin 3, 2008

Thé de Chine fumé

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A midi, petite césure dans un samedi que je savais d’avance trop long et dispersé, entre la réunion d’un comité scientifique de doctes historiennes le matin sur la montagne Sainte-Geneviève et les discussions à bâtons rompus autour de livres posés sur des tables à tréteaux dans une rue piétonne de banlieue l’après-midi, je m’étais ménagée une demie-heure de décompression solitaire dans un salon de thé plutôt chic près du Luxembourg. C’était pratique, à deux pas du RER à prendre pour relier mes deux mondes en changeant de casquette.

Et soudain, comme je savourais ma polonaise accompagnée d’un thé de Chine fumé (en me disant, comme à chaque fois, que je devrais penser à en boire plus souvent et même à en acheter pour la maison parce que c’était vraiment une de mes boissons préférées) je me suis aperçue qu’à une table proche de la mienne se trouvait JBP, analyste-écrivain-éditeur à qui j’avais envoyé un manuscrit par la poste l’année dernière.

S’il avait été seul, ce qui n’était pas le cas, j’aurais peut-être osé lui parler. Lui dire combien sa belle lettre manuscrite reçue en réponse il y a un an, certes pour me signifier un refus, m’avait néanmoins fait grand plaisir. Des dix-huit manières dont on m’a dit non avant de me dire oui, la sienne avait été la plus élégante et la plus sensible.

Et peut-être même que je lui aurais raconté aussi ce qu’il est advenu d’un des personnages du livre une fois que le livre a fini par exister, après la dix-neuvième réponse, parce que je crois qu’un rebondissement pareil dans mon histoire serait susceptible d’intéresser un homme dan son genre – mais pas forcément l’éditeur.

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juin 1, 2008

Entretien préalable

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J’ai rencontré l’arracheur de dents spécialiste des sagesses tardives et récalcitrantes qui tentera de venir à bout de la mienne (qui ne se présente pas sous son meilleur jour). Depuis son réveil, moi qui me demandais avec curiosité et vague angoisse la forme que prendrait la somatisation d’événements récents un peu bousculés et bousculants, je crois que je sais – et qu’il y aurait sûrement beaucoup à dire, sur un divan par exemple, de cet abcès de fixation, la sagesse, maintenant, et quoi en faire.

L’homme de l’art est charmant, et zen et japonais je pense : la plaque et toutes inscriptions bilingues avec idéogrammes. Cabinet cossu dans immeuble cossu donnant sur place cossue dans quartier cossu. J’ai pris l’escalier – marbres, fer forgé, vitraux, tapis de haute lisse – histoire de jouir un peu plus longtemps de la sensation que la rumeur du monde qui nous fatigue, un peu, parfois, s’était  arrêtée. Et pensé que ceux qui habitaient là ne devaient pas souvent l’entendre. Nous avons convenu qu’étant donnée une certaine propension à l’évanouissement en cas d’émotion forte, il serait pertinent d’élargir la médication préalable – antibiotiques et corticoïdes – à une chimie rassérénante.

Mon bureau mansardé regagné, j’ai constaté que l’arbre tardif qui m’inquiétait un peu la semaine dernière avait fini par faire ses feuilles, mais dommage qu’au vélux ce vert ciselé tout neuf s’imprime sur fond gris mouillé.

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avr 29, 2008

Du dimanche

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Mal commencé, mal réveillée : le thé dans le yaourt et le muesli dans la théière. Pas fameux, surtout le breuvage. Un tout petit marché, si petit que je le fais à vélo et temps idéal pour. Ravitaillement bien anticipé, reste à passer chez la marchande de pain bio qui coûte les yeux de la tête – mais c’est dimanche et seulement le dimanche – et aux produits italiens. Et après cela aller nager, aujourd’hui comme hier, sur le coup de midi, parce que l’emploi aux écriture use la colonne vertébrale, surtout au début, quand on s’applique, un brin crispée, à rendre son travail présentable. Piscine déserte, quatre nageurs égaillés dans un grand bain dont les lignes ont été rembobinées, et la dernière à en sortir quand ça ferme à 13 heures. Me faire alors réprimander pour ne pas sortir au plus vite de l’eau par l’échelle toute proche, mais au contraire par la plus éloignée, pour le plaisir d’une dernière traversée en diagonale – le maître nageur râleur n’ira pas jusqu’à me harponner.

Reste du jour partagé entre tâches domestiques et aménagement de mon pied à terre virtuel, avant la tarte tatin rituelle du dimanche soir. Rite familial nouveau, instauré depuis qu’en janvier dernier sont arrivés chez nous des ingrédients destinés à celle qu’une pâtissière prise de court n’avait pas eu le temps de confectionner. Depuis, nous en essayons chaque semaine une nouvelle recette.

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avr 27, 2008

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